[Critique] Cowboys & Envahisseurs (Jon Favreau)

Jon Favreau met encore les mains sur une adaptation de comic book ; après avoir délivré deux épisodes décents d’Iron Man, il s’attaque à Cowboys & Envahisseurs (alias Cowboys & Aliens), au titre fort éloquent. Casting de choc à nouveau, son blockbuster réunit Daniel Craig, Harrison Ford, Sam Rockwell, Olivia Wilde et Paul Dano. Dommage qu’avec tous ces ingrédients, Favreau se contente encore une fois du minimum syndical.

La guerre des genres

Dans les films d’invasion extraterrestre, le plaisir émane toujours des mêmes sources : la découverte des créatures venues d’ailleurs, de leurs vaisseaux et équipements, et cette terrible lutte qui rappelle David contre Goliath, de l’homme qui, malgré son armement désuet face aux technologies aliens, doit persévérer, montrer une pugnacité exceptionnelle et déceler la faiblesse de l’ennemi avant que l’irréversible ne se produise. Ce plaisir est naturellement amplifié dans Cowboys & Envahisseurs ; à une époque où l’homme n’avait pas dompté le ciel, où les déplacements sur de longues distances s’effectuaient à cheval, où la winchester et le colt étaient les armes les plus redoutables, l’irruption de vaisseaux spatiaux semblables à de véloces libellules provoque un trouble des plus impressionnants. Défigurée par les explosions et décharnée par les enlèvements au lasso mécanique, la petite ville d’Absolution abandonne son quotidien, les différends sont mis de côté pour partir à la recherche des kidnappés en compagnie de celui qui symbolise le pont entre le western et la science-fiction : un amnésique – interprété par Daniel Craig – équipé d’un bracelet capable de pulvériser n’importe quelle cible d’une boule d’énergie, quand celui-ci daigne s’activer.

Dans ce conflit des genres, Jon Favreau unit des personnages que tout oppose et réunit des vedettes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ainsi, Harrison Ford, dans le rôle de l’éminent et comminatoire Woodrow Dolarhyde, que l’on associera éternellement à Han Solo, Indiana Jones ou encore Rick Deckard, côtoie le détenteur actuel du célèbre numéro 007, Daniel Craig. Le jeune Noah Ringer, découvert dans Le Dernier maître de l’air (M. Night Shyamalan), hérite d’un rôle éclipsant ceux de Sam Rockwell et Olivia Wilde, totalement transparents. C’est toutefois le charisme des interprètes qui donne de la vitalité à ces personnages sans réel relief.
Il y a probablement une volonté de synthétisation trop forte du comic book, renvoyant les agissements des personnages secondaires au rang de digression, car Cowboys & Envahisseurs suit une trame balisée, celle d’une traque aux aliens qui, en parallèle, permet de reconstituer l’identité du héros, en partie grâce à de maladroits flashbacks.

La fraicheur du film sourd de son cadre naturel, des terres désertiques du Nouveau Mexique qui offrent une sublime alternative aux scènes tournées en studio ou en milieu urbain qui sont le propre des grosses machines hollywoodiennes. Malheureusement, Jon Favreau est définitivement un réalisateur sans style, avec la particularité d’être incapable de rater ou de réussir complètement un film. Du western, il ne reste que le cadre, les mines patibulaires des brigands et une tribu indienne. Du grand spectacle, il y en a, en faibles quantités, les meilleures séquences d’action se concentrant dans la première moitié du film – dans les deux Iron Man, le cinéaste avait déjà montré son incapacité à gérer un climax, d’atteindre le zénith dans l’ultime affrontement.
C’est en forgeant que l’on devient forgeron, dit l’adage. Jon Favreau est l’exception qui confirme la règle. Entre des mains plus ambitieuses, Cowboys & Aliens aurait pu être un film d’action mémorable et spectaculaire, au lieu de se contenter du statut de divertissement honnête mais sans éclat. Le plus triste, c’est qu’il s’agit probablement du meilleur blockbuster de l’été 2011.

3 étoiles

 

Cowboys & Envahisseurs

Film américain
Réalisateur : Jon Favreau
Avec : Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde, Sam Rockwell, Noah Ringer, Paul Dano
Titre original : Cowboys & Aliens
Scénario de : Roberto Orci, Alex Kurtzman, Damon Lindelof, Mark Fergus, Hawk Ostby
Durée : 117 min
Genre : Science-fiction, Aventure, Action
Date de sortie en France : 24 août 2011
Distributeur : Paramount

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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12 commentaires

  1. « Le plus triste, c’est qu’il s’agit probablement du meilleur blockbuster de l’été 2011 », dis pas des trucs horribles comme ça, y a bien Captain America (qui déchire pour ma part), La Planète des Singes les origines, Conan. Ils devraient tout défoncer cette daube de Cowboys vs Aliens. Une grosse bouse ce film.

  2. Sinon le comic ne fait que 100 pages donc je ne pense pas qu’il y ait « synthétisation ».

  3. Conan ?! LOL (dsl) faire un remake de ce chef d’oeuvre est un blasphème ! 😀

  4. Je n’ai pas encore vu Captain America, ni La Planète des Singes : les origines, mais Cowboys & Envahisseurs était, à mes yeux, celui qui avait le plus de gueule sur le papier. Je m’attendais vraiment à une montée en puissance de Jon Favreau. C’est peine perdue ! Quant au comic, effectivement, il n’y a que 100 pages. Ces problèmes scénaristiques sont donc à amputer directement aux scénaristes, encore une fois, bien trop nombreux !
    Quant à Conan, eh bien, comme Arakiel, je n’y crois pas énormément, surtout après l’extrait qui circule sur internet, digne d’un Centurion.

  5. Favreau, il va falloir se le dire une fois pour toute, est un « petit » réalisateur. Jamais ambitieux, pas esthète pour deux sous et trop sage. ça fait chier de le dire mais même sur le papier je trouvais ce projet un peu ridicule….

  6. C’est vrai Bruce, mais je pensais vraiment que Jon Favreau allait décollé sur ce film. Ils ne sont pas comparables, mais Hithcock n’était pas brillant à ses débuts. Alors voilà, pour moi, c’était le moment idéal pour le sursaut, se dépasser, casser la baraque et non… Quant au concept, mélanger des cowboys à des aliens me faisait bien saliver, dans la théorie, pour la fracture avec l’armement, qui n’est présente que partiellement grâce à l’arme de poignet de Daniel Craig.

  7. Ce film est une catastrophe, et c’est tellement dommage !

    Il y avait vraiment matière à faire mieux ne serait-ce qu’en rajoutant une touche d’humour, mais rien… Je suis allée à l’avant-première au Marignant (Paris) et la salle était à moitié vide, les gens commençaient à s’agiter et à soupirer au bout d’une demi-heure, quant à moi je baillais et je discutais par textos pour passer le temps. Dialogues faibles, longueurs toutes les deux scènes… Dommage, vraiment dommage.

    « Le plus triste, c’est qu’il s’agit probablement du meilleur blockbuster de l’été 2011 » Je ne suis pas d’accord, il y a Pirates des Caraïbes 4, Super 8, Harry Potter 7, Sucker Punch, Captain America, La planête des singes et à venir Real Steel à l’air pas mal non plus.

  8. J’entend beaucoup de mal de ce film, pourtant j’aime beaucoup notre nouveau James Bond, c’est bien dommage le scénario n’avait pas l’air trop mal.

  9. @Cruncheroos : en fait, j’ai vu et rédigé cette chronique il y a plus d’un mois, avant de voir La Planète des singes – que je considère comme le meilleur de l’été dans le genre. Pas vu Pirates ni Harry Potter. Super 8 et Sucker Punch ne m’ont pas convaincu.

    @NiNe Gorman : le film divise pas mal. Si t’as aimé les Iron Man, et plus particulièrement le 2, tu devrais pouvoir apprécier ce film. Mais si le style passe partout de Favreau t’exaspères, tu peux passer ton chemin tranquillement !

  10. Aïe, un avis de plus qui me convainc de ne pas y aller…dommage.

  11. Je viens de lire tout vos commentaires et je suis plus ou moins d’accord avec vous. J’avoue ce film ne casse pas des briques mais j’ai quand même bien aimer. Malgrès que les dialogues n’étaient pas assez développer et le scénario pas terrible car oui, il y aurait eu moyen de faire quelque chose de mieux pour ce film. Surtout avec les merveilleux acteurs qui y jouait. Mais ce n’est pas pour cela que je n’ai pas apprécier le film, la fin était assez prévisible. Mais bon, je ne suis qu’une fille de 15 ans donc je ne peux pas vraiment juger. (Personnellement j’ai vue Captain America, j’ai aimée mais c’était long. Très long. Dès que ‘ Steve Rogers ‘ devient un héro, je n’étais plus vraiment dans le film, car on se lasse un peu des combats qui n’en finissent jamais…)

  12. @Jane : il n’y a pas d’âge pour donner son avis sur un film, le principal est de comprendre pourquoi on aime (ou non) un film, et pouvoir l’exprimer.

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