Critique : 127 heures (Danny Boyle)

127 heures

Film américain, britannique
Réalisateur : Danny Boyle
Avec : James Franco, Amber Tamblyn, Kate Mara, Clémence Poésy, Lizzy Caplan
Scénario de : Danny Boyle et Simon Beaufoy d’après le roman « Plus fort qu’un roc »
Directeur de la photographie : Anthony Dod Mantle
Monteur : Jon Harris
Durée : 94 mn
Genre : Biopic, Drame, Aventure
Date de sortie en France : 23 février 2011

 

 

 

 

La trame :

Au cours d’une randonnée dans l’Utah, Aron Ralston chute dans un gouffre suite au déplacement d’une pierre. Bloquée par la roche, sa main droite lui empêche de sortir de ce pétrin. 127 heures relate cette histoire vraie.

 

Bande Annonce (VOST) :

 

Critique

Que peut-on attendre de Danny Boyle après le couronnement aux Oscars de son sirupeux Slumdog Millionnaire ? On s’attend à voir un film des plus consensuels, surtout lorsqu’il s’agit de l’histoire vraie d’un homme confronté à la mort, piégé par son outrecuidance entre deux parois d’un canyon.
Eh bien ce serait se tromper sur toute la ligne, car 127 heures est le film le plus surprenant du réalisateur de Manchester.

Roulez jeunesse

Dans une tonitruante introduction au rythme effréné, Aron (James Franco) quitte l’enfer de la ville pour s’adonner seul au canyoning. Au beau milieu de terres arides et désertiques de l’Utah, il fonce à toute allure sur son vélo, chute, rit de son faux pas et reprend de plus belle. C’est un casse-cou qui aime les sensations fortes, les montées d’adrénaline à en faire éclater le palpitant.
Pour 127 heures, Danny Boyle offre la main du clip vidéo, vivace et énergique, à celle du documentaire, bien plus serein. Si ce mariage improbable semble déconcertant aux premiers abords, il est difficile de résister à cette fougue adolescente animant autant Aron que le film. La mise en scène est détonante ; Boyle multiplie les cadrages sans halte, découpe l’écran verticalement en trois parties, jongle entre les superbes plans généraux digne d’un reportage sur les grands espaces de l’Ouest américain et les séquences relatives au documentaire amateur. La caméra, libre comme l’air, ne connait aucune limite. Un patchwork si radical provoque une véritable sensation de fraicheur cinématographique et bien entendu, engendrera autant de détracteurs que d’admirateurs.
Alors qu’on pourrait penser que le film retrouverait une approche traditionnelle pour un tel fait réel une fois le protagoniste piégé, Danny Boyle continue de surprendre en maintenant le cap de sa stupéfiante trajectoire initiale.

Jamais la sensation d’évasion n’a été aussi forte alors que le protagoniste est physiquement immobilisé, un paradoxe procédant de la situation d’Aron qui doit libérer son corps en restant concentré sur l’instant présent, malgré la fatigue et la peur de mourir dans ce gouffre. La tension due à ce piège naturel mortel est bien présente mais la lutte psychique déclenche une aventure mentale. La caméra s’évade au travers des regrets, des souvenirs et des hallucinations qui frappent Aron, désespéré d’être incapable de libérer sa main droite. Son caméscope lui sert de testament et de journal de bord, et pour Danny Boyle, c’est une autre source vidéo qu’il intègre à son métrage, accompagné à nouveau par des musiques composées ou sélectionnées par A. R. Rahman. La diversité artistique se retrouve aussi sur cette bande originale où l’on trouve Sigur rós, Bill Withers, Dido ou encore Plastic Bertrand.
Malgré le désespoir, le sentiment de mort inéluctable, quelques touches d’humour égaient le film qui mène toutefois à une séquence terrible. Au cours de la projection à laquelle j’ai assistée, une jeune femme s’est évanouie. Je pense que c’est assez rare pour le souligner. Âmes sensibles, vous voilà prévenues !

127 heures est un torrent émotionnel et visuel qui marque un tournant dans la carrière de ses deux principaux acteurs.
Pour James Franco, c’est une heure et demie de one-man-show qu’il maitrise avec brio. Ce rôle éprouvant, nécessitant un charisme hors pair, lui permet d’exprimer une impressionnante palette d’émotions : colère, désespoir, hargne, délire. Nul doute qu’il comptera – ou qu’il compte déjà ? – parmi les meilleurs acteurs américains de sa génération.
Pour Danny Boyle, 127 heures, c’est une véritable régénération. Incroyable qu’un cinéaste de son âge renoue avec une telle spontanéité, une telle vivacité propres aux jeunes réalisateurs qui ont encore tout à apprendre et tout à prouver. Cette étonnante leçon de survie est son meilleur film depuis Trainspotting.

4.5 étoiles

 

Article rédigé par Dom

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18 commentaires

  1. Ah, tu l’as bien aimé. Moi je me suis emmerdé dessus sauf vers la fin.

    Je lui préfère largement la claustrophobie et la paranoïa de Buried.

  2. J’ai découvert la bande annonce y a pas si longtemps que ça, et je savais pas du tout à quoi m’attendre. Mais maintenant avec toutes les critiques positives qui sortent, j’ai vraiment envie d’aller le voir 🙂

  3. belle critique, j’ai eu un beug, la nana s’est vraiment évanouie ? Fin je veux dire, black out total ?

  4. Ce film est simplement maitrisé, pour ma part, rien a dire.
    James Franco nous donne une véritable leçon d’acting.

    J’en reste encore scotché, et absolument pas par « la séquence terrible », mais par la puissance qu’a ce film, a mettre le spectateur dans la tête d’Aaron Ralston, et de nous faire subir, d’un point de vu émotionnelle, ce qu’il a lui même vécu.

    Freaking awesome.

  5. oui un film qui va à 100 à l’heure alors que le personnage est coincé au fond de son trou… c’est frais, c’est cool et la « patte » danny boyle est toujours aussi jeune comme tu dis…

  6. @MrLichi, hum, il semble y avoir un noyau de détracteurs tout de même !

    @Callahan, eh bien, elle était à mon opposé dans la salle mais on a entendu un cri, puis le bruit sourd d’un corps qui heurte le sol. Des gens sont allez chercher de l’aide mais elle a repris conscience assez rapidement.

    Content de voir que le film plaise à tout ceux passés par ici, jusqu’à présent 🙂

  7. Oops… J’avais pas vu le commentaire de Marvelll !
    Je n’ai pas encore vu Buried, mais ce n’est pas la même approche apparemment. Qu’est-ce qui t’as gêné ici, le côté clip ?

  8. Pas encore vu mais l’intrigue semble très palpitante et surtout très fraîche dans l’approche.

  9. Je peux pas dire que j’ai passé un mauvais moment, mais je peux pas dire non plus que j’ai aimé. Déjà, le thème en lui même me branche pas spécialement. James Franco prouve que son talent d’acteur ne se résume pas à Harry Osborn. De la à dire qu’il m’a subjugué … non quand même pas.

    Même si c’est moins bien noté à choisir j’aurais préférer aller voir Jewish Connection pour le coup !

  10. @gallou1, Oui ! Je le recommande vivement.

    @Boris, dommage. Quand je suis allé le voir, je ne savais même pas de quoi il s’agissait. Je dirais pas non plus que la performance de Franco restera dans l’histoire du cinéma, mais il fallait bien ça pour que fonctionne le film.
    J’aimerais bien voir Jewish Connection aussi.

  11. Waouh bravo pour la verbe tu a réussi à retransmettre ce que l’on voit sans divulguer le film vraiment bravo! J’ai adoré ce film pour les même raison que toi je m’attendais à un Danny Boyle très classique (comme sur Sunshine) et puis paf non c’est tout simplement génial! Le coup de ScoobyDoo c’est intelligent comme tout la BO bien pensé, j’aurais préféré que ce soit lui qui gagne l’oscar pour le mixe son en réflichant bien, et je voulais dire que moi aussi lors de ma projection il y a us 2 malaises et pas forcément au moment que l’on pense. C’était plus sur le passage avec l’urine! Dingue mais pourtant vrais.

  12. Merci BIFCO. De même, ça faisait longtemps qu’un film de Danny Boyle ne m’avait pas autant passionné. Pour le mixage sonore, c’est une catégorie où il est difficile de trancher.
    Eh bien, c’est surprenant que le passage de dégustation d’urine puisse provoquer des malaises. C’est crade mais ça reste… visuellement acceptable !

  13. je pense que c’est psychosomatique un type a failli dégueuler et une nana est tombé dans les pommes comme si elle était déshydraté! Au moins ce film agi sur son public 🙂

  14. C’est crade, mais c’est stressant psychologiquement. Une fois dans l’emission de Ruquier (oui je sais grosse référence), ils avaient parlé de ça justement. Une nana sur le plateau a coupée son urine avec de l’eau et l’a bue devant la caméra. J’avais trouvé ça dégoutant et un sentiment de répulsion m’a envahie. Le malaise pour ça me surprend pas, on est tellement plus habituer à la violence et au sang de nos jours. Alors quelqu’un qui boit de la pisse, surtout quand c’est aussi réaliste. Il y a de quoi pas supporter.

    Allez Bon appetit ! 😀

    PS : Pour ceux qui veulent développer leur culture générale :

    Amaroli est le nom donné en Inde à la pratique qui consiste à boire une partie de son urine pour entretenir sa santé ou se soigner. En occident elle est appelée urinothérapie, ou auto-urine thérapie. Il n’y a pas de preuves scientifiques d’un effet thérapeutique de cette pratique, l’inverse étant même souvent mis en évidence.

    (reste de l’article sur wikipedia)

  15. @Boris, c’est vrai que la sensibilité est différente aujourd’hui, ça me rappelle que la scène de la fumigation d’excréments dans La Montagne Sacrée – vraiment un grand film, je le répète – m’avait dégouté la première fois.
    Ensuite, je pense que tous les fans de Jackass sont parés à tous ces trucs, devenus insensibles aux pires plans scato possibles !

    Sinon, très intéressant ton anecdote sur l’Inde. On va enfin pouvoir apprendre des choses sur ce blog !

  16. 127 heures aurait dû être un huis clos à l’air libre, un film d’autant plus suffoquant que le ciel est là, partout, presque envahissant et parfaitement inaccessible. Mais Danny Boyle a rempli son film de souvenirs et hallucinations souvent inutiles et tape-à-l’oeil. Le message est tellement appuyé qu’il finit par être vidé de sa substance. Jusqu’à transformer le film en spot publicitaire. Ma critique :
    http://tedsifflera3fois.com/2011/09/09/127-heures-critique/

  17. J’ai hésité en voyant la bande annonce à aller le voir car on a du mal à comprendre de quoi ça parle exactement mais le résumé donne envie. Les gens sont souvent trop confiants face à la nature car ils vivent en ville et peuvent toujours appeler les secours en cas de souci …

  18. Je trouve que ce film avait un très fort potentiel émotionnel, mais le film met trop de temps à démarrer et la bande d’annonce nous faisait voir trop de chose. Mais s’en en reste un bon film quand même à regarder en famille ou en ami 🙂

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