Critique : Le Nom des Gens (Michel Leclerc)

le Nom des Gens - Michel Leclerc

Le Nom des Gens

Film français
Réalisateur : Michel Leclerc
Avec : Jacques Gamblin, Sara Forestier, Zinedine Soualem, Jacques Boudet, Carole Franck, Michèle Moretti
Scénario de : Baya Kasmi, Michel Leclerc
Directeur de la photographie : Vincent Mathias
Monteuse : Nathalie Hubert
Durée : 104 mn
Genre : Comédie
Date de sortie en France : 24 novembre 2010

 

 

 

 

La trame :

Les aventures d’un couple métissé sortant de l’ordinaire.

 

Bande Annonce (VF) :

 

Critique

On s’arrête souvent aux apparences et au nom des gens. Un réflexe presque inné qui pourrait disparaître à l’ère des pseudonymes à n’en plus finir qui alimentent les sites web communautaires ainsi que les forums de discussion. Le nouveau film de Michel Leclerc, Le Nom des Gens, s’attaque aux préjugés sur l’immigration et nos origines, sociales et culturelles, avec humour.

Sara Forestier et Jacques Gamblin

Un homme et une femme

Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) est une militante extrémiste dans la fleur de l’âge. Mohamed (Zinedine Soualem), son père, est un algérien altruiste qui a vu les exactions de l’armée française durant son enfance. Cécile (Carole Franck), sa mère, est du genre hippie qui lutte en faveur des immigrés en France. Enfant, Bahia a été abusée par son professeur de piano et, d’après les médias, son avenir ne pouvait alors suivre que deux embranchements déviants. Elle a choisit de faire la pute, d’un type plutôt inédit. Elle couche avec les fachos – toute personne n’étant pas de gauche, quelle que soit son origine ethnique – pour les convertir à sa cause.
Arthur Martin (Jacques Gamblin), sans rapport de parenté avec l’électroménager, est un quadragénaire en charge de surveiller la propagation du virus H5N1 en France. Lucien (Jacques Boudet), son père, a participé à la guerre d’Algérie, travaille dans une centrale nucléaire et est passionné de nouvelles technologies, surtout celle qui, techniquement supérieures à leur concurrent, finissent par sombrer, comme les Betamax ou les Laser discs. Annette (Michèle Moretti), sa mère, est une rescapée de la Shoah, protégée par des résistants alors que ses parents furent envoyés dans les camps de la mort pour ne jamais revenir. Des grands-parents dont la vie reste un mystère pour Arthur…
C’est après un montage parallèle de l’enfance des deux protagonistes, rébarbatif sur ses dernières mesures, que Bahia et Arthur vont se rencontrer, à l’occasion d’une intervention à la radio de ce dernier, alertant la population des dangers de la grippe aviaire et qui sera alors, pris à parti par Bahia qui bouillonne de révolte. Mais c’est lors du deuxième tour des présidentielles de 2002, qui opposa Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, qu’ils vont se retrouver et débuter leur relation des plus atypiques.

le Nom des Gens

Tous différents, tous identiques

Aborder la richesse du métissage et son acceptation dans le contexte actuel ne peut être que salué ; choisir deux français de souche pour jouer les protagonistes d’une telle histoire est une démarche fragilisant son propre propos. Les voies de la génétiques sont parfois impénétrables, mais Sara Forestier, les yeux bleu océan, la peau aussi basanée que celle de Michael Jackson sur la fin de sa vie, est peu crédible en tant que fruit de l’union d’un algérien et d’une française. Passons ce détail pour avouer que le duo, sur le mode des opposés qui s’attirent, formé par Gamblin et Forestier, tout deux très bons, fonctionne à merveille. Bahia, extravertie comme aucune autre femme, est en croisade permanente. Son corps, aux formes voluptueuses, est utilisé comme arme de conversion politique. Des jeunesses UMP aux militants du Modem, tous passent par son plumard, ou du moins, le lit de l’artiste chez lequel elle vit, pour abandonner leur idées de « fachos » à force de plaisirs charnels. Ce qui chagrine Arthur, plutôt réservé, jospiniste ne méritant aucune reconversion par le sexe ; une position qui lui confère le poste d’amant durable avec la demoiselle déjantée.

Le message de Michel Leclerc et de Baya Kasmi, soigneusement mis en scène, est limpide : nous pouvons vivre ensemble, heureux, quelles que soient nos origines, il suffit de faire tomber les barrières des préjugés et d’accepter notre propre héritage culturel. C’est beau, mais légèrement naïf. A coup d’humour – à l’efficacité aléatoire –, des saynètes, souvent nées de l’impulsion de Bahia, touchent à des sujets brulants : les mariages blancs, la laïcité, le métissage, la déportation des juifs. Au final, Le Nom des Gens brassent de trop nombreuses idées relatives à l’immigration autour d’une vie de couple décousue. Très amusant lors de certaines séquences, comme un diner en famille apportant son lot de tensions et quiproquos et qui se conclue par une apparition de Lionel Jospin, le film aborde systématiquement la politique comme un jeu, par la sexualité libertine de Bahia et ses maladresses, jusqu’à la décrédibiliser de façon plus inquiétante que drôle, en fin de métrage, qui passe par les dernières présidentielles, ayant conduit Nicolas Sarkozy au pouvoir.

Malgré l’authenticité du contexte politique et social dans lequel il se déroule, Le Nom des Gens relève bien trop de la fantaisie utopique, trop mielleux et maladroit pour être pleinement agréable et efficace.

Note : 6/10

A lire également : la critique très positive de Phil Siné

Article rédigé par Dom

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10 commentaires

  1. Le film semble finalement assez classique donc. Dommage, j’adore Sarah Forestier et le duo qu’elle forme avec Jacques Gamblin s’annonçait prometteur. J’irais peut-être voir le film, si j’ai le temps.

  2. Ne t’en prive pas, les avis divergent. Le duo fonctionne vraiment bien, c’est plutôt l’univers du film qui m’a dérangé, bien qu’il recèle quelques instants de tristesse, ça ressemble un peu à un monde de bisounours…!

  3. oh nooooon !!!!! je ne peux pas laisser dire des choses comme ça : tu trouves ça mielleux vraiment ? je trouvais justement ça assez audacieux par endroits : assez cru et joyeux en même temps… je trouve qu’il y a plein de matière, et que c’est plutot bien envoyé souvent en dépit justement d’un traitement en apparence très léger…
    et pour le choix de l’actrice, je trouvais ça assez pertinent de prendre une « pure » française pour l’incarner (les lois de la génétique sont parfois étonnantes, ne l’oublions pas ! 🙂 du coup elle peut dire elle même qu’elle n’a pas le regard que subisse les étrangers… elle ne le rencontre qu’à la fin quand elle fait l’expérience du voile…
    bref ! tu auras compris que moi j’ai adoré ça !! (mais c’est peut-etre aussi mon côté ultra gauche qui a été titillé dans le sens du poil, plus simplement… 😉

  4. Effectivement Phil, j’ai vu que tu as été complètement séduit d’où le lien vers ta critique.
    C’est vrai que pour le choix de l’actrice, ça permet d’aborder la thématique du voile, mais de façon trop brève ? Le terme mielleux est peut-être trop fort, mais ce que je lui reproche vraiment c’est d’être dans une sorte de réalité parallèle où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » ; c’est incompatible avec la volonté de porter un message fort, à mes yeux.

  5. « Malgré l’authenticité du contexte politique et social dans lequel il se déroule, Le Nom des Gens relève bien trop de la fantaisie utopique, trop mielleux et maladroit pour être pleinement agréable et efficace. »

    Eh bien c’est du cinéma…!!! on fait ce qu’on veut, plus de fantaisie, trop de fantaisie, c’est une histoire, un réalisateur et des comédiens réjouissants et touchants et talentueux. Il y en a marre de ces critiques intelectualo blabla bla.
    il y a peut être un souci de rythme notamment au début, qui aurait être plus efficace, une réalisation pas toujours hyper inventive etc mais sinon, je trouve ce film drôle émouvant et abordant des sujets qu ne sont pas souvent abordés avec ce dosage humour et émotion aussi sensibles et simplement…
    Faites des films avant de les critiquer, écriver des scénars ou produisez comme moi et on reparle…
    A bon entendeur !

  6. Catherine, comme dit l’adage, la critique est aisée mais l’art difficile. Vous êtes productrice, eh bien, j’ai quelques projets qui trainent dans des tiroirs, justement ; si vous êtes intéressée, vous savez où me contacter.

  7. Ce n est pas possible…ou si ?…

    Vous n ‘avez donc rien mais rien saisi de ce film, de ce qu il raconte vraiment??

    C est un des plus beau film sur les parents, la famille, le chagrin, les non dits, la tristesse qu on ait pu voir ces dernieres annees.

    La politique est ici dessacralisee et sert de support a son ressort aussi comique.

    Vous devez etre TRES malheureux pour n avoir recu que cela du film et j en suis sur croyez le, sincerement desole pour vous.

  8. Voila je viens de lire « il y a du Capra » la dedans c est exactement ca.

    Mais et c est triste, vous n avez certainement pas les moyens d apprecier cela.

    Relisez une oeuvre comme St Exupery Le Petit Prince cela pourrait se reveler salvateur pour vous.

    A moins que cela ne soit pas traite de facon assez « serieuse » pour vous ? (se moque t on de l aviation ? des reptiles ? du systeme solaire ?)

    Faites un effort s il vous plait, regardez le a nouveau en allant vous chercher vous meme, ce n est pas un chemin aise mais c est bien le seul envisageable si on ne veut pas perir de dessechement.

    Cordialement.

  9. @olivier, tout d’abord, ma critique est purement subjective et n’est pas à rapprocher à une analyse complète du film ; ici, j’ai décidé de mettre l’accent sur l’aspect politique. D’autant plus que le film n’est pas assassiné dans ces lignes 😉
    Bien qu’il y ait de nombreuses thématiques abordée par le film, il me semble que son message est avant tout politique.

    Je suis loin de maitriser la filmographie de Capra, mais je vois mal un rapprochement entre ses films et Le Nom des Gens, pourriez-vous donner le lien vers l’article (si vous l’avez lu sur internet) qui faisait cette analogie ?

    Quant au traitement, je pense qu’on peut aborder avec humour de nombreux thèmes, je suis d’ailleurs très friand des films d’Emir Kusturica qui est un véritable équilibriste : la plupart de ses films sont profonds et se permettent de jouer aisément deux partitions radicalement opposées : la comédie burlesque et le drame.

    Aussi, je ne cherche pas à imposer mon avis ici mais à le partager. Je vous remercie donc pour le partage de votre avis qui diffère du mien.

  10. Faible de chez faible. La critique des Cahiers du cinéma est la meilleure je pense. Sara Forestier meilleure actrice. Ok.

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