[Critique] Dans l’ombre de Mary, réalisé par John Lee Hancock

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Alors que Mary Poppins de Robert Stevenson célèbre ses cinquante ans, voilà que Disney revient à la genèse de l’adaptation du roman de P.L. Travers. Loin d’être un film opportuniste, Dans l’ombre de Mary – la promesse de Walt Disney dévoile une chronique drôle et touchante.

L’enfant intérieur

Il est probablement naturel d’être méfiant lorsqu’un film explore la genèse d’une autre œuvre, d’autant plus qu’il y a tout juste un an, nous avions subi l’inutile Hitchcock qui regardait la vie du maître du suspense alors qu’il s’apprêtait à tourner Psychose. L’histoire semble se répéter dans les premières minutes de Dans l’ombre de Mary, présentant l’auteure de Mary Poppins, P.L. Travers (Emma Thompson), femme un peu acariâtre et revêche qui ne veut pas que Disney transforme son œuvre en un dessin animé insipide. Walt Disney (Tom Hanks) courtise depuis des années la romancière pour obtenir les droits d’adaptation, chose qu’elle refuse catégoriquement jusqu’à être acculée par le manque d’argent – ce qui ne l’empêche pas d’être d’une exigence désespérante sur les moindres détails pour l’adaptation cinématographique. Les scènes, où Travers rend la vie difficile aux compositeurs et au scénariste du film potentiel sont entrecoupées par des analepses au début du XXe siècle, où l’on découvre son enfance. On comprend d’emblée que le père bienveillant (Colin Farrell), fantasque mais alcoolique jouera un rôle dans la vie d’adulte de la petite, mais ces séquences s’avèrent loin d’afficher plus qu’une simple utilité biographique. Mais le film bascule lors d’une scène terriblement émouvante et paradoxale : alors que les compositeurs se lancent joyeusement dans la chanson « Fidelity Fiduciary Bank », Pamela Travers se voit propulsée dans son douloureux passé, déconnecté du moment présent pour revoir un discours de son père.

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Derrière les coulisses de la création de l’œuvre musicale Mary Poppins, le film de John Lee Hancock (The Blind Side) dresse habilement un double portrait. Il y a celui d’une femme qui a vu son enfance dérailler et qui renie tout le merveilleux que propose Disney, qu’elle voit comme une machine mercantile et vient le portrait de cet homme, qui a bâti son empire familial suite à une enfance douloureuse à cause d’un père violent. Au fur et à mesure que la personnalité de Travers se révèle, que ses réticences face au projet s’amenuisent, le film devient de plus en plus passionnant, non seulement pour son plongeon dans le texte de Mary Poppins mais aussi par son illustration drôle, irrésistible, du passage d’un roman à un film emblématique. Emma Thompson brille dans le rôle délicat de P.L. Travers, réussissant à garder l’équilibre nécessaire pour que son personnage ne soit jamais antipathique dans la première partie du film. Pour sa part, Tom Hanks est parfait de sobriété et les rôles secondaires tenus par Jason Schwartzman, Paul Giamatti et Bradley Whitford notamment contribuent beaucoup à cette réussite. Seul Thomas Newman, compositeur, déçoit sur le versant comique, sans personnalité, alors qu’il montre toujours autant de facilité à émouvoir dans les scènes dramatiques.

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Dans son récit dense, c’est surtout sur la relation filiale et l’enfant intérieur, celui qui est à l’origine de chaque adulte (et dont une part subsiste) que Dans l’ombre de Mary se montre le plus touchant. Pour que l’émotion jaillisse, il suffit parfois d’un simple plan, comme lorsque Travers se retrouve face à une peluche de Mickey, ou bien de l’intimité d’un dialogue où les protagonistes cherchent à se comprendre réellement, à s’ouvrir. Plus profond que ce l’on aurait pu attendre d’un tel projet, le nouveau film de John Lee Hancock, à la fois sensible et amusant, est une véritable surprise.

4 étoiles

P.-S. : Plusieurs articles dénoncent une tromperie sur la véracité des faits présentés dans le film, notamment sur la personnalité de P.L. Travers et son rapport avec Walt Disney. Cette chronique a été rédigée avant de découvrir ces éléments qui provoquent le débat sur des sites anglophones. Naturellement, la plupart des biopics souligne le cadre historique sans le respecter à la lettre, mais quant à savoir s’il s’agit ici d’une réécriture nauséabonde de la part de Disney, je n’ai pas les éléments en main et laisse donc cette critique inchangée – au fond, c’est le message du film qui importe plus que sa réalité historique.

 

Dans l’ombre de Mary – la promesse de Walt Disney

dans-ombre-mary-afficheFilm américain, britannique, australien
Réalisateur : John Lee Hancock
Avec : Emma Thompson, Tom Hanks, Collin Farrell, Jason Schwartzman, Paul Giamatti, Bradley Whitford, Annie Rose Buckley, Ruth Wilson, B.J. Novak
Titre original : Saving Mr. Banks
Scénario de :
Durée : 125 min
Genre : Comédie dramatique, Biopic
Date de sortie en France : 5 mars 2014
Distributeur : The Walt Disney Company France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Outre que le cher Walt n’était pas exactement ce papy gâteau, les parties flashbacks sont un peu lourdes voir pas franchement intéressantes et prennent le pas sur le vrai face à face entre l’auteur et le nabab… 2/4

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