[Critique] Crazy Joe (Steven Knight)

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Un membre des forces spéciales se retrouve dans la rue après une bavure en Afghanistan. Ce Crazy Joe, c’est Jason Statham, dans un film moins typique des productions dans lesquelles il apparaît mais qui s’avère loin d’être intéressant.

Les routes du salut

Signalons d’abord la petite arnaque marketing pour le marché français. Premier long métrage de Steven Knight, le film porte pour titre original Hummingbird – qui signifie colibri en anglais. Un nom d’oiseau probablement jugé peu vendeur, le film hérite donc du surnom donné à Joey Smith, Crazy Joe. Avec un tel titre et la présence de Jason Statham sur l’affiche, on imagine facilement un film explosif et idiot, où la star du cinéma d’action tabasse et flingue à coeur joie. Or, malgré quelques séquences de cassage de dents, ce film se dresse avant tout comme un drame, axé sur un duo de personnages fuyant leur passé. Joey vit dans les rues de Londres où il boit. Victime de racket avec son amie Isabel, il se réfugie dans un vaste appartement laissé vacant pour l’été. Il saisit cette occasion de nouveau départ tout en recherchant son ancienne compagne de rue, volatilisée depuis l’incident. L’autre figure du film est une nonne d’origine polonaise, Cristina (Agata Buzek), volontaire dans une mission de distribution de vivres aux plus démunis. Unique interlocutrice de Joey, il va lui demander son aide pour retrouver Isabel tout en arrosant la mission et son ex-femme avec l’argent qu’il se fait en homme de main de la mafia chinoise – après un court stage en cuisine, comme quoi, la restauration a de l’avenir.

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En creusant la psychologie de ses protagonistes, ce récit sur la rédemption dominé par l’aliénation et les traumatismes aurait pu donner lieu à un film assez appréciable si seulement il n’était pas terriblement maladroit. La relation entre Cristina et Joey évolue sans la moindre surprise et souffre de dialogues sans saveur et situations involontairement comiques. Si Statham se montre crédible, on peut difficilement saluer la performance d’Agata Buzek pour qui timidité et malaise passent par un jeu aux hésitations sur-jouées. En matière de mise en scène, rien de brillant chez Steven Knight mais une qualité à souligner, un découpage sans fioriture, même pour de longue phases dialoguées. De ce fait, les quelques séquences où Statham peut démontrer sa domination physique se montrent plaisantes. Toutefois, cette descente dans la face sombre de Londres, où se croisent misère, mafia et prostitution ne séduit jamais, prisonnière d’un manque d’originalité qui entrave les intentions du scénariste-réalisateur. Avec le traumatisme de la guerre au Moyen Orient et celui d’un drame survenu au cours de l’enfance, Steven Knight établit deux parcours vers le salut sur des routes parallèles, en questionnant toujours gauchement les notions de bien et de mal. Son justicier rasé à l’esprit torturé fait pâle figure face aux personnages de grands réalisateurs ayant saisi toute l’ampleur du drame se jouant lors des guerres, de Stanley Kubrick à Katheryn Bigelow. Crazy Joe, une oeuvre à la folie tempérée, mais surtout totalement anecdotique.

1.5 étoiles

 

Crazy Joe

crazy-joe-afficheFilm britannique, américain
Réalisateur : Steven Knight
Avec : Jason Statham, Agata Buzek, Benedict Wong, Christian Brassington
Titre original : Hummingbird
Scénario de :
Durée : 100 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 10 juillet 2013
Distributeur : Metropolitan FilmExport


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Hâte quand même de voir le film et puis découvrir une autre facette de Londres avec des personnages en quête de réponses, de rédemption c’est toujours intéressant. Une nonne et un homme de main, le tandem peut-être explosif non?

  2. Le tandem ne se révèle pas réellement explosif…ou alors comme un pétard mouillé ! A noter que le film est le point final d’une trilogie explorant les bas-fonds de Londres. Le réalisateur, si c’est son premier film a été le scénariste de Loin de chez eux et Les promesses de l’ombre.

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