[Critique] Le Hobbit : un voyage inattendu (Peter Jackson)

Couronné de succès avec son adaptation du Seigneur des anneaux en trois films, Peter Jackson revient à l’univers de Tolkien en adaptant Le Hobbit, dont les événements se déroulent soixante ans avant la chronique épique qui l’a mené à remporter un Oscar du meilleur film avec Le Retour du roi. Premier épisode d’une nouvelle trilogie, Le Hobbit : un voyage inattendu convie le spectateur à vivre encore une aventure en Terre du Milieu, et bien que le démarrage soit poussif, cet opus s’érige en grand divertissement, destiné à tous.

Quête annexe

Alors que Peter Jackson a rencontré une foule de problèmes pour adapter Le Seigneur des anneaux, le voici désormais avec le feu vert des studios pour cette nouvelle aventure d’héroïc fantasy, initialement prévue pour être déclinée en deux films mais qui finalement, par le nombre de scènes tournées, donnera lieu à une trilogie. Bilbon, joué vieux par Ian Holm et au temps du récit par Martin Freeman, couche sur le papier l’épopée dans laquelle il s’est retrouvé malgré lui, sous l’impulsion de Gandalf (Ian McKellen). La quête est celle d’un groupe de nains d’Erebor, chassé par un dragon avide des richesses de leur royaume avant d’être battus par les orques à la Moria, décidant de regagner leur montagne perdue, où la rumeur court que la bête ailée a disparu. Le lancement dans cette aventure est le point le plus faible du film, marqué par une violente inertie dont le caractère rébarbatif est renforcé par un mode comique tout à fait suranné. Pire encore, cette partie fait de Bilbon un personnage relativement antipathique par son incapacité à gérer les troublants nains dans sa petite demeure. Fort heureusement, le fameux voyage inattendu gomme sans mal ces mauvaises premières minutes : le sens de l’aventure prend le dessus et la magie du cinéma opère à renfort de nombreux effets numériques – aux qualités fluctuantes, certains décors numériques révélant la présence d’un simple fond vert derrière les acteurs.

Si ce film est un événement pour les amateurs du genre, il l’est également pour tout amateur de cinéma puisqu’il est le premier long métrage tourné en 48 images par seconde (au lieu des 24 adoptées par le cinéma depuis 80 ans). Ce procédé, aussi appelé HFR (pour high frame rate), doit, théoriquement, apporter une immersion plus grande puisque les mouvements se rapprochent plus de la réalité. Dans la théorie, puisque un nombre élevé d’images par seconde est synonyme de « rendu vidéo » – on pourrait comparer le rendu d’un ancien caméscope vidéo à celui des caméras de « cinéma » pour évaluer la différence. Malheureusement, le HFR ne sera pas abordé dans cet article puisque le film nous a été montré dans une version 3D 24 images / secondes, alors que la salle était techniquement capable de projeter le film en HFR. Serait-ce la conséquence d’un accueil très défavorable de la part des journalistes anglophones ? Mystère… Quoi qu’il en soit, cette nouvelle technologie ne sera exploitée que dans une cinquantaine de salle en France (la liste des salles a été recensée par mes confrères de Cloneweb ici). Tourné avec une véritable armada de caméras Red Epic, Le Hobbit : un voyage inattendu ne montre pas toujours de solides qualités en terme de 3D. La sensation de juxtaposition de plans plats se fait ressentir régulièrement, mais il faut avouer que de nombreuses scènes avec des hordes d’ennemis dans des décors fabuleux se montrent des plus galvanisantes.

Tous les ingrédients d’un bon film d’aventure se retrouvent ici : nécessité du départ – pour grandir –, dépassement de soi, fraternité face au danger, bravoure, héroïsme mais aussi ingéniosité, quand la force ne peut résoudre une situation délicate. Des éléments classiques, incorporés à un récit rythmé – passé le cap des 30 premières minutes, les 2 heures et 15 minutes suivantes filent comme une flèche décochée par un elfe –, où l’éblouissement est maintenu en permanence par l’apparition de créatures stupéfiantes, dans des cadres extraordinaires. De plus, cet opus profite de toute la mythologie de la précédente trilogie, grâce aux apparitions d’illustres personnages que l’on retrouve avec plaisir – géniales retrouvailles avec Gollum, toujours campé par Andy Serkis. Loin du prétexte d’un simple préquel, Le Hobbit : un voyage inattendu propose un divertissement de qualité, capable de fasciner petits et grands. Encore une fois, la passion de Peter Jackson pour les récits de Tolkien se ressent, non seulement dans cette capacité à mettre en image un univers si particulier, qui pourrait facilement sombrer vers le ridicule, mais aussi dans l’art délicat de conter une histoire prônant courage et entraide. On attend déjà le second volet impatiemment, prévu pour rejoindre les salles le 11 décembre 2013.

4 étoiles

 

Le Hobbit : un voyage inattendu

Film américain, néo-zélandais
Réalisateur : Peter Jackson
Avec : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, Andy Serkis
Titre original : The Hobbit : an Unexpected journey
Scénario de : Peter Jackson, Guillermo del Toro, Philippa Boyens, Fran Walsh, d’après l’oeuvre de J.R.R. Tolkien
Durée : 165 min
Genre : Aventure, Fantastique
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Distributeur : Warner Bros. France


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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