15 films à voir avant la fin – partie 1

La fin est proche ! Peut-être… Dans le doute, voici une liste de quinze films à (re)découvrir avant d’y passer collectivement, une sélection de longs métrages produits au cours des cinquante dernières années – un choix ayant permis de rendre la sélection plus simple en éliminant lâchement le muet jusqu’aux années 50 –, se démarquant par leur audace, leur originalité, leur maîtrise technique et narrative. Des œuvres retenues également pour leur regard sur notre monde, notre condition d’être humain, et ces éléments qui font du cinéma un art transgressant délicieusement les frontières du réel. Et n’oubliez pas, en cas de fin du monde, vous multipliez vos chances de survie par 100 si vous filez le train à John Cusack.

1. The Tree of life (Terrence Malick, 2011)

Un film qui porte l’essence même de la vie, sa genèse, son évolution, ses dilemmes, ses joies et ses peines. The Tree of Life est donc l’œuvre parfaite pour débuter cette liste. Malick associe l’infiniment grand à l’infiniment petit avec une aisance poétique tout à fait géniale. La mise en scène de l’auteur des fabuleux Moissons du Ciel et de La Ligne Rouge touche à un degré de maestria incroyable, naturalisme d’une élégance sidérante tant la lumière sublime chaque visage qu’elle embrasse. Dans ce long métrage symphonique, la cellule familiale, avec pour figures parentales Brad Pitt et Jessica Chastain – la plus belle découverte de Terrence Malick ? –, offre deux voies pour l’un de leur fils, dont la division intérieure s’empare du spectateur, ramené en douceur à ces instants de découvertes enfantines par l’universalité (et la beauté) des scènes. Fidèle à ses voix off envoûtantes et son humanité qui n’a d’égale que sa fascination pour la nature, Terrence Malick nous offre avec The Tree of life un chef d’oeuvre panthéiste digne d’un miracle.
A voir aussi : la critique cinéma de The Tree of life et le test blu-ray.

 

2. La Montagne sacrée (Alejandro Jodorowsky, 1973)

Parmi les films du courant surréaliste, La Montagne sacrée constitue autant une pierre angulaire qu’un monument inégalable. Comme il l’est déclaré dans la bande annonce, « Nothing in your education, or experience, can have prepared you to this film. » On peut connaître sur le bout des doigts la filmographie de David Lynch et de Luis Buñuel, le chef d’œuvre de Jodorowsky se déroule dans un univers si singulier, empruntant une trajectoire si déroutante, que ce voyage garanti une nouvelle source de surprise, de stupeur et de questionnement. Avec pour protagoniste une figure christique en quête d’immortalité, La Montagne sacrée bouscule la religion et le capitalisme au travers d’un récit initiatique unique, autant capable de créer l’émerveillement que le dégoût, jamais à cours d’idées inédites et extravagantes, de symbolisme des plus frappants. On pourrait étudier de nombreuses scènes pour décrire leur magie, leur folie, mais La Montagne sacrée consiste en une expérience que l’on ne raconte pas : il faut procéder à l’ascension de ce pic stupéfiant pour y savourer, à son sommet, un air sensationnel.

 

3. L’année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961)

Hypnotique et élégant, L’Année dernière à Marienbad renverse tous les codes narratifs du cinéma, seulement deux ans après le magnifique Hiroshima mon amour. Dans un vaste et somptueux hôtel, un homme, interprété par Giorgio Albertazzi, tente de convaincre une femme, jouée par Delphine Seyrig, qu’ils se sont déjà rencontrés par le passé. Aucun repère temporel dans cette oeuvre qui semble figée dans le temps, comme ces personnages qui prennent les traits de statues l’espace de quelques instants, avant de retrouver la vie. Dans un cadre sublime, paradoxalement rassurant mais inquiétant par son caractère énigmatique, on déambule en s’accrochant à la voix d’Albertazzi, sous les orgues lancinants de Francis Seyrig. Un labyrinthe, physique et sentimental, dont le coeur reste un mystère presque absolu.

 

4. Requiem pour un massacre (Elem Klimov, 1985)

L’horreur et la barbarie de la Seconde Guerre Mondiale exposées comme jamais dans un film à la mise en scène magistrale, voilà le tour de force que réalisent Elem Klimov et le chef opérateur Aleksei Rodionov. Requiem pour un massacre est un cauchemar éveillé, celui du front russe où des enfants abandonnent leur jeunesse pour lutter contre les troupes nazies, celui où des commandos punitifs SS mettent littéralement à feu et à sang des villages entiers, celui d’une population vivant dans la terreur et la misère engendrées par une guerre ignoble, celui où Adolf Hitler accède au pouvoir pour mener son immonde campagne de destruction et de génocide. Grâce à une caméra aux mouvements souples procédant d’une utilisation remarquable du steadicam, Klimov emmène le spectateur au cœur de scènes souvent insoutenables tant la violence du conflit et la cruauté nazie sont mises en scène avec un réalisme écœurant. Ce n’est pas seulement les tirs à balles réelles et les explosions d’obus qui dégagent Requiem pour un massacre du lot des films reconstituant les plus sombres épisodes de la Seconde Guerre Mondiale, c’est son atmosphère qui confine à l’enfer pur, l’inhumanité révoltante de soldats devenus monstres, véritables machines de destruction sans âme, et le destin d’un jeune homme meurtri par des atrocités que nul être ne devrait connaître. Un éprouvant choc cinématographique, dont la forme sidérante intensifie la valeur historique.

 

5. Mère et fils (Alexandre Sokourov, 1997)

Restons en Russie pour le cinquième long métrage de cette liste, avec Mère et fils, œuvre picturale d’une beauté renversante signée Alexandre Sokourov. L’histoire est d’une simplicité radicale : dans la campagne russe, un fils accompagne sa mère dans ses derniers souffles de vie. Deux acteurs, un cadre champêtre, les sonorités simples de la nature, et Sokourov compose un des plus beaux films sur la mort grâce à son regard digne d’un peintre et d’un poète. Oubliez tout pathos ici pour aborder le délicat sujet de la maladie et de la mort imminente, la tristesse est d’ailleurs toujours tenue à distance par la douceur des plans, la sérénité du cadre et la sagesse d’un montage contemplatif. La balade funeste de Mère et fils est un véritable baume pour l’âme, un apaisement face à la perte, une lueur d’espoir émanant de la beauté naturelle du monde qui perdure malgré les êtres qui partent.

 

6. Persona (Ingmar Bergman, 1966)

Alors qu’il s’apprêtait à tourner un film intitulé Les Cannibales, avec Bibi Andersson et Liv Ullman, le cinéaste suédois tombe malade et se retrouve alité à l’hôpital. En découvrant une photo des deux actrices, Bergman, toujours au lit, les convoque : la lumière caressant leurs visages offrant des similitudes troublantes sur le cliché aura été l’étincelle de départ pour Persona, des visages qui seront sublimés tout au long du film par un somptueux jeu d’ombre et de lumière créé par Sven Nykvist. Partagée par une dimension psychologique profonde et la volonté de bousculer les repères spatio-temporels, et ce, dès les premières séquences, perturbantes et énigmatiques, cette œuvre majeure d’Ingmar Bergman regorge de plans et séquences fascinants. Etrange relation d’aide et de confrontation entre une infirmière et sa patiente mutique, une actrice qui s’est réfugiée dans le silence absolu, Persona mène à un questionnement identitaire touchant, celui de la femme que l’on pourrait qualifier de « normale », de son rôle de mère et de sa carrière. Dans une atmosphère travaillant un trouble renforcé par des flirts avec la mise en abyme, les caractères s’opposent, s’épousent et se percutent. Bergman livre un véritable songe touché par la grâce.

 

7. 8 ½ (Federico Fellini, 1963)

Au travers de Marcello Mastroianni, Federico Fellini projette sa vie de cinéaste, ses angoisses et démons, ses péchés mignons et désirs les plus forts. Pièce maîtresse dans la filmographie du Maestro, 8 ½ est d’abord l’histoire d’un réalisateur pris dans le tourbillon d’un projet trop audacieux, hanté par les femmes de sa vie, d’hier et d’aujourd’hui. La mise en scène de ce festival onirique épate de la première à la dernière séquence ; les mouvements de la caméra rejoignent ladanse des personnages face à l’objectif, dégageant un sentiment de vitalité que peu de réalisateurs atteignent. Manège burlesque et enchanteur, avec ses hauts et ses bas, 8 ½ est un hymne au cinéma et aux femmes, à la création artistique et à l’amour. D’une singulière magnificence.
Voir aussi : le test blu-ray de 8 ½.

 

8. Enter the void (Gaspar Noé, 2009)

Gaspar Noé entre dans la quatrième dimension, et par chance, il y est parvenu avec le directeur de la photographie Benoît Debie pour partager l’expérience avec nous, amateurs d’un cinéma en quête de renouveau, d’expérimentation, de narration qui serait bousculée par une forme novatrice. Enter the void propose un drame hors du commun puisque le spectateur est le protagoniste de l’histoire – la caméra offre une vue à la troisième personne, dans le dos du protagoniste, un défi technique réussi avec brio, apportant une grande immersion, plus saisissante que n’importe quel film tourné en 3D à ce jour. Cette histoire centrée sur l’amour d’un frère pour sa sœur sur fond de trafic de drogue, dans un Tokyo aux néons éblouissants, où règne le commerce des corps, pousse son concept au-delà de la vie : lors du décès du personnage, l’expérience continue, aérienne, stupéfiante, métaphysique. Un trip hallucinogène comme le cinéma en a rarement proposé.

 

Voir la suite des 15 films à voir avant la fin.

Article rédigé par Dom

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