[Critique] Dark Shadows (Tim Burton)

Après le catastrophique Alice au pays des merveilles, Tim Burton ne pouvait que remonter la pente. C’est bien le cas avec Dark Shadows, inspiré d’une série TV éponyme des années 60, qui lui permet de renouer avec ses personnages funèbres et haut en couleur, toujours en compagnie de son fidèle collaborateur, Johnny Depp.

Vampire vertueux

En 1972, Barnabas Collins (Johnny Depp) sort de terre après avoir passé près de deux siècles dans un cercueil, vampirisé et enfermé par Angélique (Eva Green), une sorcière qui préféra maudire celui qu’elle aimait car il ne tombait pas sous son charme. Avant cette condamnation, Angélique poussa au suicide la bien-aimée de Barnabas dans une scène illustrant tout le malheur inhérent au mythe du vampire : rejoindre l’être chéri dans la mort est impossible. Malgré ce riche prologue, le spectateur est réintroduit chez les Collins, dont le manoir et l’entreprise familiale ont périclité, grâce à la jeune Victoria Winters (Bella Heathcote), postulant au rôle de préceptrice pour David (Gulliver McGrath), le petit dernier de la famille. On ressent parfaitement l’esprit d’un feuilleton TV au travers de cette vaste galerie de personnages campés par des acteurs choisis avec finesse : de Michelle Pfeiffer en figure maternelle à Chloe Moretz en ado attirée par la culture hippie, sans oublier Helena Bonham Carter en psychiatre portée sur la bouteille, tous contribuent à une cohésion marquée par le sceau de la Famille Addams.

Néanmoins, ces charmants individus quelque peu farfelus, accueillant leur ancêtre revenu d’outre-tombe qui essaie tant bien que mal de cacher sa nature de suceur de sang, ne bénéficient pas d’un traitement équilibré au cours du film. Un élément directement imputable au format long-métrage mais qui ne dénature aucunement la saveur de ce conte à l’ambiance gothico-fantastique, intégrant habilement un comique de situation et de mœurs provoqué par la découverte de l’Amérique des seventies par Barnabas. L’inadaptation de ce personnage, au maniérisme propre aux compositions de Johnny Depp, mène également à des jeux de mots désopilants tout au long de cette histoire valorisant la famille comme richesse suprême. Car s’il est question de remettre en marche le business des Collins, croulant face à l’adversité d’Angie Bouchard possédant le monopole sur la pêche locale, Burton et le scénariste Seth Grahame-Smith ne cesseront jamais de rappeler que les liens du sang prévalent sur tout.

La quête du vampire se porte sur la résolution de problèmes affectifs, car l’amour tient une place prépondérante : un amour perdu pour Barnabas, un amour impossible entre ce dernier et Angélique, un manque d’amour paternel pour David, et la naissance d’une nouvelle idylle. Si les compositions de Danny Elfman ne présentent aucun éclat, les tubes des années 70 sélectionnés pour accompagner cette plaisante aventure lui confère une tonalité rétro des plus séduisantes. Et question séduction, Eva Green se montre encore plus sexy que Michelle Pfeiffer lorsqu’elle campait Catwoman dans Batman : le défi du même Tim Burton qui, s’il ne retrouve pas la magie et le charme fantastique de ses plus grandes œuvres ici, livre un long-métrage divertissant et sans temps mort.
Créatures fantastiques et atmosphère peace and love font bon ménage : Dark Shadows est une petite réussite.

3.5 étoiles

 

Dark Shadows

Film américain
Réalisateur : Tim Burton
Avec : Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Chloe Moretz, Jackie Earle Haley, Jonny Lee Miller, Bella Heathcote, Gulliver McGrath
Scénario de : Seth Grahama-Smith et John August, d’après la série télévisée de Dan Curtis
Durée : 113 min
Genre : Comédie, Fantastique
Date de sortie en France : 9 mai 2012
Distributeur : Warner Bros. France


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Ah ça c’est sûr que Alice était une catastrophe. Ce Dark Shadows est paresseux, assez prévisible, mais contient quelques bons points : le personnage campé par Eva Green, la musique, l’humour. Pour le reste c’est parfois soigné parfois bâclé.

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