Critique : Winter’s Bone (Debra Granik)

Winter’s Bone

Film américain
Réalisatrice : Debra Granik
Avec : Jennifer Lawrence, John Hawkes, Garret Dillahunt, Shelley Waggener
Scénario de : Debra Granik, Anne Rosellini ; d’après le roman « Winter’s Bone » de Daniel Woodrell
Directeur de la photographie : Michael McDonough
Monteur : Affonso Goncalves
Durée : 100 mn
Genre : Drame, Mystère
Date de sortie en France : 2 mars 2011

 

 

 

 

La trame :

Dans le Missouri, la jeune Ree Dolly doit élever et nourrir ses frère et soeurs, sa mère handicapée mentale ne pouvant subvenir à leurs besoin et son père, Jessup, étant absent. Lorsque Jessup utilise la maison comme caution, Ree n’a pas d’autres choix que de partir à sa recherche.

 

Bande Annonce (VOST) :

 

Critique

Grand Prix du Jury du festival de Sundance en 2010, Winter’s Bone est le deuxième film de Debra Granik, doublement salué grâce à son interprète principale, la jeune Jennifer Lawrence, nominée aux Oscars. Pourtant, cette promenade dans les bois à la recherche de papa est loin de grimper aux cimes du 7ème art…

Bois dormant

Ree (Jennifer Lawrence) doit retrouver son père pour conserver la maison familiale, une tâche qui la conduit à frapper aux portes des bicoques du patelin reculé dans lequel elle survit cahin-caha, endossant des responsabilité bien trop lourdes pour une jeune fille qui devrait user ses jeans sur les bancs d’un lycée plutôt que dans un bosquet, à chasser l’écureuil pour nourrir les siens.
Cette quête, qui restera au point mort, permet à Debra Granik de tracer les contours d’une misère qui se terre dans les bois, à l’abri des regards citadins ; d’apercevoir une population à l’animosité latente, gagnant son flouze grâce au trafic de drogue. Et voilà, la chronique n’ira guère plus loin.
Baignant dans une effroyable austérité, Winter’s Bone souffre du syndrome du film statique, lâche dans sa narration et chétif dans sa mise en scène. La grisaille hivernale et écœurante de cet univers est si bien capturée qu’elle en affecte le film jusqu’à ses racines, lui octroyant tout souffle de vitalité, toute ouverture vers la spiritualité ou la réflexion.

Comme la courageuse Ree, le spectateur subit passivement le comportement et menaces des individus lui barrant la route qui lui permettrait d’atteindre son père. Mais quelle que soit la source, les menaces verbales semblent inoffensives, le chemin n’est parsemé que de brindilles, d’obstacles illusoires et d’émotions falsifiées. Certes, Jennifer Lawrence aura probablement une jolie carrière, loin de ces sentiers boueux, et la direction d’acteur n’est pas à remettre en cause. C’est la morosité, dénuée d’un regard incisif de la part de la cinéaste, qui plonge le spectateur dans une torpeur infâme. Une poignée de scènes à l’errance plus lyrique convoque à intervalles réguliers un mince espoir quant à l’envol du film, mais le salut ne viendra jamais, Winter’s Bone reste au seuil des baraques insalubres, à une distance qui empêche de saisir les êtres entourant l’héroïne de ce récit terne et sec. Chapeau bas à Debra Granik pour avoir mystifié le jury de Sundace avec un long métrage aussi anémique.

1.5 étoiles

Article rédigé par Dom

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7 commentaires

  1. C’est la première critique aussi négative que je lis. Elle est intéressante. Je te rejoins sur certains points, mais je rejoins sur d’autres ceux qui encensent le film. Effectivement le film ne décolle jamais vraiment, mais sa représentation de l’Amérique profonde est plutôt intéressante (même si elle reste en surface, c’est vrai), et la photographie hivernale colle parfaitement au propos, je trouve. Et la « poignée de scènes à l’errance plus lyrique » m’ont pas mal marqué. Pas le film de l’année, mais à voir quand même.

  2. Je dirais qu’il souffre d’un syndrome proche du Fighter : on montre un univers avec une certaine distance / maladresse. La photographie est réussie oui, mais elle concourt à rendre le film quelque peu moribond…
    C’est justement parce que j’avais lu beaucoup de bien sur ce film que je me suis décidé à y aller pour le printemps du cinéma 😉

  3. Je trouve, Debra, ta critique un peu facile pour ce film indépendant qui se regarde sans doute avec un peu plus d’attention que n’importe quel autre film. Winter’s Bone dispose de son propre univers et n’est peut-être pas accessible à tous. Aussi, je te conseille la lecture d’une autre critique par le biais du lien suivant « http://www.dvdcritiques.com/critiques/dvd_visu.aspx?dvd=6754 » et qui te permettra, je n’en doute pas, de peut-être envisager ce film sous un tout autre aspect.

  4. Ouppsss… je suis partie tellement bille en tête pour répondre à la critique de Winter’s Bone que j’en ai oublié que le nom qui figure entre parenthèses est celui du réalisateur/de la réalisatrice et non l’identité de l’auteur de la critique….LoL. Ce sera pour la petite touche d’humour…..

  5. @katell, pas de problème pour l’erreur ! En fait, c’est après avoir lu de nombreuses critiques très positives de personnes partageant des goûts similaires aux miens que je suis allé voir Winter’s Bone. J’ai lu la critique que tu as mis en lien, qui est très intéressante, mais qui, à mon sens, s’appuie trop sur des références cinématographiques ainsi que l’aspect social du film en occultant totalement la forme. Si jamais l’occasion se présente de le revoir à la télévision ou ailleurs, peut-être que je lui redonnerai une chance mais je pense faire partie des personnes qui rentrent dans une salle de cinéma sans aucun à priori, ouvertes à toute proposition de cinéma – ou presque !

  6. Erf, je suis surpris que t’aies pas aimé. Personnellement j’ai vraiment adoré ce portrait de gueules cassées. Après le cinéma avec ce genre de rythme c’est très fluctuent au niveau des réactions, et vraiment imprévisible. Je viens d’ailleurs de l’ajouter à ma liste « C’est le genre de film, soit t’adores, soit tu détestes. » http://www.senscritique.com/mr_mechant/liste/40968/c-est-le-genre-de-film–soit-t-adores–soit-tu-detestes-/

  7. C’est même pas une question de rythme, j’adore des cinéastes comme Ingmar Bergman et Andreï Tarkovski, dont les oeuvres se déroulent lentement. Ici, j’avais l’impression de rester à la surface de tout, des personnages, du sujet, de cette recherche du père au porte à porte.

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