BRIFF 2021 : rush festivalier

Bien que Les Arcs Film Festival en ligne en décembre dernier a constitué une véritable bouffée d’oxygène cinéphile, retrouver un festival de cinéma en chair et en os constitue un nouveau départ. Atterrissage au Brussels International Film Festival le 8 septembre 2021, alors que le festival, ayant début le 1er septembre approche de sa conclusion. Voici quelques unes de mes premières découvertes et rencontres dans la capitale belge.

Accueilli chaleureusement par les équipes du festival, j’ai tout juste le temps de jeter mon sac dans ma vaste chambre d’hôtel, d’enfiler le short imposé par les températures estivales, et de gagner la Place de Brouckère pour déjeuner en compagnie des comédiennes du film bulgare de la Director’s Week, Women do Cry, Byliana Kazakova – également co-scénariste – et Ralitsa Stoyanova. Après des présentations, la conversation tourne autour du métier d’acteur et de technicien au cinéma, les différences entre la France et la Bulgarie, dont le cinéma nous est assez rare dans l’hexagone. Un café et quelques pas nous séparent de l’UGC de Brouckère qui abrite la plupart des projections – les deux autres cinémas liés au festival étant les Galeries et le Palace – pour découvrir un film français de la compétition, Le Monde après nous de Louda Ben Salah-Cazanas.

Partagé entre Paris et Lyon, ce premier long métrage s’intéresse à un jeune homme entrant dans la vie active, Labidi, qui, à défaut de vivre de ses premiers écrits, galère à livrer des repas à vélo. Interprété par Aurélien Gabrielli, ce protagoniste séduit par ses envies, ses maladresses et sa bravoure, notamment lorsqu’il flashe sur Elisa, une étudiante campée par Louise Chevillotte. Avec un potentiel contrat avec une maison d’édition s’il parvient à achever un manuscrit d’ici six mois, des parents tenanciers d’un bar toujours prêts à aider, le quotidien de Labidi est loin d’être morose. C’est pourtant un regard sur la précarité que porte le cinéaste dans cette comédie dramatique qui allie les doutes professionnels à ceux des sentiments amoureux. Labidi enchaîne à toute allure les étapes avec Elisa, lui proposant de prendre un appartement ensemble malgré leurs faibles revenus. Sensible et avec un humour distillé avec soin, Le Monde après nous séduit par sa simplicité et l’attachement à une jeunesse qui ne rêve rien d’autre que réussir sa vie, et pourquoi pas avec une dose d’amour.

L’après-midi se poursuit en adoptant le rythme d’un festival, et donc en enchaînant avec la séance suivante : Ripples of Life de Shujun Wei. Dans un village modeste et peu attractif d’une province chinoise, une équipe de tournage débarque alors que le réalisateur et le scénariste n’ont pas encore trouvé la version définitive du scénario qui permettra de lancer le premier moteur. Mais ce film chorale débute avec un personnage annexe, une restauratrice qui s’occupe de nourrir l’équipe et qui entend dire qu’une femme du cru pourrait être embauchée pour passer devant les caméras. De nouvelles perspectives pour sa vie, si jamais elle retient l’attention du réalisateur. Glissant ensuite du côté de la vedette du film, Chen Chen, originaire de ce village, Ripples of life creuse un peu plus sa dimension sociale, avec énormément d’ironie, de finesse, et en touchant même une fibre émotionnelle : un dessin au doigt sur la vitre humide d’une portière de voiture provoque une vive émotion. Lorsque le duo réalisateur/scénariste se retrouve au centre du récit, les paradoxes et la bonhomie qui règnent pourtant entre ces deux artistes provoquent aussi de délicieux effets. Dynamique et drôle, ce film constitue un véritable coup de cœur.

Impossible de passer à côté de la première séance de Women do cry de Mina Mileva et Vesela Kazakova après avoir déjeuné avec deux membres de l’équipe du film. Ce long métrage produit avec des moyens très modestes embrasse pleinement son caractère brut, ce cri militant pour le droit des femmes – qui s’étend jusqu’aux droits des homosexuels et transgenres dans un pays où l’homophobie se montre très présente. Les réalisatrices imposent un véritable choc avant de nous inviter auprès des quatre sœurs qui donneront de leur voix : une cigogne grièvement blessée par balle se trouve sur une table d’opération. La symbolique ne se dessinera que bien plus tard. L’élément moteur est la séropositivité qu’apprend Sonja, qui n’a que de 19 ans. Dès lors, son avenir s’obscurcit, et son quotidien touche au désespoir alors qu’elle refuse de se soigner en milieu hospitalier – milieu où elle rencontre d’ailleurs de l’animosité. Elle peut pourtant compter sur le soutien de ses sœurs, comme celle interprétée par Ralitsa Stoyanova, au jeu explosif, et dont le personnage nous montre le machisme dans son milieu professionnel, dans les chantiers de voirie. La jeune maman qu’interprète Bilyana Kazakova témoigne d’un autre maux, la dépression postnatale alors que la figure paternelle se montre absente. De fil en aiguille, ce film qui compose avec le réel – certaines scènes sont tournées au cœur de véritables manifestations – constitue un vaste tableau féminin et féministe. Malgré une baisse d’énergie dans le dernier chapitre, Women do cry se positionne comme un film fort et engagé, qui risque de faire énormément de bruit lors de sa sortie à la mi septembre en Bulgarie.
La séance se conclue par une passionnante session de questions et réponses avec le public, visiblement conquis.

C’est donc au village du festival, Place de Brouckère que se prolonge les festivités, notamment pour féliciter Byliana Kazakova et Ralitsa Stoyanova (en photo ci-dessus), et évoquer les politiques de nos gouvernements – on peut festoyer tout en restant accroché à la réalité ! Quelques bières avec des personnes venues des quatre coins de l’Europe, des retrouvailles avec une amie et on se sent à nouveau vivre pleinement. Quel bonheur.

Prochain article du BRIFF avec les découvertes cinéma des 9 et 10 septembre.

Article rédigé par Dom

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