Les Arcs 2017 : au sommet

Suite des festivités aux Arcs avec un petit déjeuner au sommet, à 3226 mètres d’altitude, et deux excellents films de la compétition : La mauvaise réputation et Arythmie (Arrhythmia).

Les matinaux et courageux ont la chance de pouvoir prendre un petit-déjeuner en haute altitude ce mardi 19 décembre. Alors que les détonations anti-avalanche retentissent, un groupe d’une quarantaine de festivaliers prend la direction de l’Aiguille Rouge, plus haut point des Arcs, à 3226 mètres d’altitude. On y trouve quelques membres du jury, comme Céline Sciamma, Sami Bouajila ou encore Clotilde Courau. En haut, il ne vaut mieux pas avoir le vertige et être équipé pour le grand froid et la neige, les derniers pas dans cette ascension suite à deux télécabines se font dans une neige épaisse qui provoque des chutes, sans conséquence évidemment – sur la photo ci-dessus, certains se jettent même joyeusement dans la poudreuse.
Rien de tel que de savourer un thé chaud avec cette vue incroyable, et on ne boudera rien de notre plaisir malgré un sommet du Mont Blanc caché par le brouillard et des nuages.

La veille, alors que la neige tombe abondamment, au Taillefer, on découvre deux films de la compétition. Le norvégien La mauvaise réputation d’Iram Haq, un drame poignant qui se penche sur l’horreur du déterminisme communautaire. A Oslo, Nisha (Maria Mozdha) est une adolescente comme les autres, qui sort avec un garçon de son établissement. Une relation qu’elle cache à sa famille, dont la rigueur et la sévérité vient de leur communauté. Lorsque son père, Mirza (Adil Hussain), surprend sa fille avec son copain, l’enfer commence : elle sera conduite de force au Pakistan, dans sa famille, afin de recevoir une éducation des plus strictes. C’est aussi cruel que de voir un oiseau enfermé dans une cage d’injustice, car au Pakistan, le cauchemar de Nisha se prolongera malgré sa volonté de s’adapter dans un pays où elle n’a jamais vécu. Grâce au jeu de la jeune Maria Mozdha et l’urgence de la mise en scène, difficile de ne pas souffrir pour la protagoniste. L’intelligence du film d’Iram Haq se trouve également dans le regard porté sur la famille, notamment le père, qui, malgré ses accès de violence et sa dureté, n’est qu’un prisonnier de sa culture et de son éducation. Le film saisit un fossé générationnel au cours de sa spirale infernale dénuée de tout pathos. Une belle réussite, surtout avec un sujet aussi délicat, qui vient de l’expérience personnelle de la réalisatrice.

Entre deux séances, il est possible de se revigorer avec du vin chaud ou du café, mais aussi d’échanger quelques mots avec les membres du jury. J’apprends que Céline Sciamma, très sympathique, travaille sur un nouveau long métrage, mais le sujet reste un secret ! Nous discutons un peu de Ma vie de Courgette et de Naissance des pieuvres avant de regagner la salle pour le film russe de la compétition, Arythmie. Ce long métrage de Boris Khlebnikov dépeint le quotidien d’un couple de trentenaires en crise, Oleg (Alexander Yatsenko) et Katya (Irina Gorbacheva), tous deux dévoués à leur travail, lui comme ambulancier, et elle, comme infirmière aux urgences. Oleg est une sorte d’écorché à vif, alcoolique, mais des plus consciencieux auprès des patients. Si le film s’ouvre sur un cas d’une femme âgée déclarant faire de l’arythmie cardiaque – alors que non –, l’arythmie du titre du film semble décrire l’oscillation sentimentale du couple, sur la rupture, mais incapable de le faire vraiment, car Oleg aime profondément sa femme et ses enfantillages sont en quelque sorte la démonstration qu’il ne peut pas s’éloigner d’elle. Le film alterne entre les scènes d’urgence et celles où Katya et Oleg se retrouvent à leur appartement, où les collègues sont souvent conviés pour des soirées très arrosées. En ressort un esprit de camaraderie, même de fraternité, avec une bande campée par des comédiens formidables. Ce drame possède quelque chose d’organique et de captivant, d’autant qu’Arythmie dénonce aussi l’effroyable bureaucratie russe. Soudain, les ambulanciers doivent travailler au rendement, au détriment des soins qu’ils doivent prodiguer. Par sa désinvolture, Oleg se retrouve en confrontation avec son nouveau supérieur, mettant en péril son job. Malgré la dureté de certains passages, le film affiche énormément d’humour et un certain aspect métaphorique sur les troubles qui nuisent à la nation Russe. Une excellente découverte.

La nuit, c’est encore aux Belles Pintes, après un retour à 1950 en Jaguar, que les festivaliers lâchent leurs premiers pas de danse, grâce à un DJ set particulièrement savoureux où sera lancé le funky Dean Town de Vulfpeck ! A la fermeture, une seule direction possible, O’Chaud, pour une musique certes plus classique, mais une ambiance aussi festive. Le péril ? Y rester trop longtemps, et manquer le petit-déjeuner au sommet, excursion immanquable.

Article rédigé par Dom

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