Critique : Free Fire

Un trafic d’armes tourne à la fusillade dans un entrepôt désaffecté. Ainsi se résume le nouveau long métrage radical de Ben Wheatley (Touristes, High-Rise), film d’action dopé à l’humour mais qui trouve rapidement ses limites.

Pétarade décontractée

A l’aube des années 1980 à Boston, des membres de l’IRA retrouvent un groupe de gangsters dans un entrepôt pour une vente d’armes à feu. Hormis le remplacement des M16 souhaités par des AR70, la transaction aurait pu se dérouler dans la plus grande sérénité. Seulement, Stevo (Sam Riley), qui s’est présenté au rendez-vous avec le visage tuméfié retrouve dans le clan adverse celui qui lui a offert une rouste la veille dans un bar, Harry (Jack Reynor). Le motif : Stevo aurait tailladé le visage de la cousine de Harry à l’aide d’une bouteille. Alors que chaque clan tente de désamorcer la tension, un coup de feu part et lance Free fire dans une confrontation à mains armées en huis clos d’une durée assez phénoménale, puisqu’elle occupera la totalité de ce film de 90 minutes. La première qualité du film est d’avoir réuni un casting éclectique, avec des acteurs capables de manier à leur façon le registre humoristique de Ben Wheatley. Le sang-froid de Ord joué par Armie Hammer contrebalance l’excentricité de Vernon, campé par un Sharlto Copley qui s’en donne à cœur joie en matière d’exubérance – et ce, sans tomber dans le cabotinage gonflant. Même avec des postures plus sérieuses, Michael Smiley et Cillian Murphy insufflent de la force à ce délire de cinéaste atypique – qu’il s’agisse des thèmes et genres abordés au cours de sa filmographie.

Seulement Ben Wheatley se montre un peu dépassé par la situation qu’il met en scène, et bien que Free Fire se montre très percutant dans ses échanges de coups de feu (qui font rarement mouche) et verbaux – qualité des dialogues –, il est difficile de déterminer la position des personnages dans ce chaos, et le film aurait gagné à offrir un point de vue plus clair sur la situation qui s’envenime alors que d’autres malfrats s’invitent au milieu de cette pétarade. Déjanté et violent, le nouveau Ben Wheatley aux accents de western par sa bande originale trouve quelques scènes spectaculaires en son cœur, mais le film tend à perdre en intensité au fil des cadavres qui s’alignent. Malgré l’ambivalence de Justine (Brie Larson), peu de suspense s’installe dans cette œuvre où le spectateur ne peut guère choisir de camp. Grâce à un judicieux détail dans la narration, le film trouve un second souffle qui conduit à plusieurs duels, sans pour autant atteindre des sommets en matière d’action décomplexée. Dans une situation finalement assez tarantinesque, Wheatley montre l’écart qui le sépare du réalisateur culte de Reservoir Dogs. La courte durée de ce gunfight radical joue en sa faveur, d’autant que Free Fire se prive judicieusement d’épilogue. Un petit film de survie assez savoureux, à défaut d’être vraiment jubilatoire.

3 étoiles

 

Free Fire

Film français, britannique
Réalisateur : Ben Wheatley
Avec : Armie Hammer, Cillian Murphy, Sharlto Copley, Brie Larson, Enzo Cilenti, Babou Ceesay, Jack Reynor, Sam Riley, Michael Smiley, Noah Taylor
Scénario de : Amy Jump, Ben Wheatley
Durée : 90 min
Genre : Action, Comédie
Date de sortie en France : 14 juin 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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