Critique : Demolition

Après les ravages du sida de Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée se penche sur le deuil en compagnie de Jake Gyllenhaal dans Demolition. Le scénario de Bryan Sipe nous confronte à des personnages antipathiques pour une trajectoire d’une mollesse incroyable.

Veuf défaillant

Davis (Jake Gyllenhaal) est ce qu’on pourrait appeler vulgairement un connard modéré. Travaillant avec succès dans la finance grâce à son beau-père (joué par Chris Cooper), son arrogance s’avère limitée, et lorsque sa femme décède dans un accident de voiture dont il ressort indemne, l’homme ne s’étonne guère de ne ressentir aucune peine tandis que ses proches sont dévastés : au fond, il n’aimait sûrement pas son épouse. Les sept étapes du deuil se retrouvent alors totalement écartées de ce cas dans lequel le veuf se confie au service client d’un distributeur de snacks de l’hôpital où sa femme ne put être sauvée. Apathique et de son propre aveu inattentif, Davis vit dans un état presque végétatif, entre souvenir et dégoût du quotidien, mais sous l’impulsion d’un conseil, il va débuter à démonter tout objet dysfonctionnel. D’emblée, l’empathie n’est pas là, car le malaise du personnage atteint le film lui-même, et la mise en scène de Jean-Marc Vallée, fluide et proche de ses acteurs, n’apporte pas la part manquante pour accompagner cet homme en détresse qui établira un dialogue puis une vraie connexion avec celle qui le lit, Karen Moreno (Naomi Watts). Cette mère, effrayée par la maturité de son adolescent un peu rebelle, Chris – Judah Lewis, sorte de pendant masculin de Jodie Foster mais plutôt agaçant –, laisse alors Dave entrer dans sa vie.

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De la déconstruction, à domicile et à son bureau où il saborde ses journées, Dave passera à la destruction, sur des chantiers, puis de son propre foyer, souhaitant pulvériser l’édifice de son mariage et de sa réussite professionnelle. En compagnie de Chris, qui cherche une figure paternelle tout en forgeant son identité, Dave reprend goût à la vie au travers de la musique. Les trois figures centrales de Demolition sont des personnages assez repoussants, antipathiques par leur défaillance sociale qui étouffe toute étendue de leur caractérisation. Par une trajectoire particulièrement molle, Dave sortira bien entendu de son singulier état, et si ce dernier prend un réel plaisir dans la démolition et même la douleur physique, le plaisir est loin d’être partagé avec le spectateur, témoin abasourdi d’une leçon de vie détraquée, dont le soupçon d’originalité n’apporte aucune saveur. Avec une narration en voix-off plus plombante que les coups de masse et une représentation de l’être perdu fort convenue, Demolition porte sa dramaturgie d’une façon éculée. Ni les pointes d’humour, ni l’électrique bande originale ne permettent de construire un minimum de capital sympathie pour ce long métrage dont la justesse des comédiens, tombés dans le mauvais projet, atténue vaguement le désagrément du visionnage. Pénible.

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Demolition

Film américain
Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Avec : Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis
Scénario de :
Durée : 100 mn
Genre : Drame
Date de sortie en France : 6 avril 2016
Distributeur : Twentieth Century Fox France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Wouah… Dur… Moi j’ai adoré, je dirais même qu’on frôle le chef d’oeuvre. Un grand film original et judicieux avec plusieurs sujets abordés sans parasité le thème principal.

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