NIFFF 2015 : Dans la bouche de l’enfer

Première journée de festival et premiers pas au NIFFF. Trois films découverts allant de vampires légendaires à d’inquiétants problèmes de voisinage. En photo ci-dessus, l’entrée du Théâtre du passage.

Découvrir un nouveau festival, c’est aller à la rencontre d’une ville, son architecture, ses salles, ses espaces spécialement aménagés pour l’événement. Pour ma découverte du NIFFF, pas le temps d’apprécier les rues de Neuchâtel ni de s’approcher du lac : à peine arrivés, les valises sont abandonnées à l’appartement avec les colocataires, Clara, Jean-Victor et Marc de Cloneweb , et Thomas du Daily Movies pour gagner le bureau de presse et récupérer les badges. S’il y a quelques projections presse dans la semaine, la plupart des séances sont ouvertes à tous et elle nécessitent le retrait de billet le jour même. Un système qui permet d’assurer son entrée dans les salles mais qui prive du plaisir d’improviser, de changer d’avis pour gagner une séance à la place d’une autre. Il faudra donc calculer ses moindres envies sans erreur. Malgré le lac, la ville forme une cuvette qui conserver et amplifie la chaleur atroce que la France connaît aussi depuis quelques jours.

Face à la grande tente, où se tiennent des stands de restauration et un bar en extérieur, se trouve la salle bio. Salle visiblement non climatisée et qui transforme la projection de The Legend of the 7 golden vampires en une petite fournaise. Film de la Hammer réalisé en 1974 par Roy Ward Baker, le film suit les aventures de Van Helsing en Chine, sur les traces d’un Dracula qui s’apprête à ressusciter tout un culte de vampire. Projeté dans un 35 mm délicieusement abîmé, The Legend of the 7 golden vampires conjugue romance, kung-fu et armées des morts dans un délire qui flirte toujours avec le nanar sans y sombrer. Il y a un savoir-faire dans la mise en scène et les effets spéciaux qui permettent à l’histoire de tenir, bien que le rythme ne soit pas le point fort du film. Une curiosité parfaite pour débuter les festivités.

homesick

Je retrouve Marc pour découvrir un film allemand de la compétition internationale, Homesick, projeté dans la salles les Arcades, à quelques pas de la salle Bio – les lieux clés du festival se rejoignent en 10 minutes à pied. Un couple de trentenaire emménage dans un nouvel appartement, quelque peu lugubre, mais surtout perturbant par la présence d’une étrange voisine à l’étage supérieur, une retraitée au regard bleu surréel. Elle offre au nouveaux occupants la statuette étrange d’un ange, qui obsédera de plus en plus Jessica, violoncelliste de métier. Par petites touches, le nouveau foyer devient un lieu inhospitalier : la présence d’excréments de chien sur le palier, la disparition du chaton tout juste acheté ; la santé mentale de Jessica se dégrade pour affecter son jeu de musicienne et même sa vie de couple. Le réalisateur Jakob M. Erwa travaille une ambiance doucement angoissante, composant un thriller psychologique bien mené mais relativement terne. Le film décroche également rapidement de sa dynamique originale sans réussir à densifier le malaise grandissant de la jeune femme. Au final, le film essaie de se rattraper en jouant aussi avec les attentes du spectateur, mais cela tient du simple effet de style.

The-Devils

Avant de retrouver la salle bio, Marc et moi parcourons quelques rues pour nous approcher du lac où se tenait un petit concert face aux terrasses des restaurants. Les rues sont très animées, par des festivaliers ou non, et tout cela promet une belle ambiance pour les sept journées à venir.
C’est désormais une chaleur étouffante qui frappe les festivaliers dans la salle bio pour Les Diables de Ken Russell, présenté dans le cadre de la sélection Guilty Pleasure. Dans cette œuvre impressionnante qui se déroule dans la France du 17e siècle, Oliver Reed campe un prêtre qui essaie de protéger sa ville du pouvoir corrompu du Cardinal Richelieu. Les décors et costumes fabuleux, l’ambiance hystérique et le caractère baroque préfigurent certains éléments de La Montagne sacrée de Jodorowsky. Critiquant l’Eglise au travers de l’hypocrisie, mais aussi de la dualité du prêtre ne se refusant pas les plaisirs de la chair, The Devils bascule avec le cas supposé de possession de la sœur Jeanne (Vanessa Redgrave). Exorcisme et supercheries saisissent le film au corps pour se diriger vers un dernier acte terrible et fascinant. Une vraie claque, que l’ont aurait aimé découvrir dans de meilleures conditions – cette fois-ci, ni pellicule ni DCP mais un DVD projeté au format lettre et sans sous-tirage.

Il est plus de minuit en quittant la projection mais Neuchâtel baigne toujours dans une chaleur phénoménale. Pas de soirée face à DJ Cut ni la projection à une heure du matin de True love ways, j’opte pour le rechargement des batteries pour mieux arpenter la 15ème édition du NIFFF qui ressemble à la bouche de l’enfer.

Article rédigé par Dom

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