Critique : Sea Fog : les clandestins

Quelque part à la frontière du drame et du thriller, Shim Sung-bo réalise avec Sea Fog : les clandestins un film qui ne trouve ni le style, ni la justesse pour rendre sa sordide histoire de clandestins émouvante. Sur le papier, l’équipe technique idéale était pourtant réunie pour séduire.

Genres enchevêtrés

Shim Sung-bo n’est pas tout à fait un inconnu dans le paysage du cinéma coréen bien qu’il signe son premier long métrage. Ami et collaborateur de Bong Joon-ho, ici producteur et co-scénariste, il a co-écrit le scénario de son fabuleux Memories of Murder. Autre point fort dans l’équipe technique, le chef opérateur Hong Kyung-pyo, qui a justement travaillé sur les deux derniers superbes films de Bong Joon-ho, Mother et Snowpiercer. De quoi faire saliver les amateurs du cinéma de genre coréen, d’autant plus que Kim Yun-seok (The Chaser, The Murderer) campe le capitaine du Junjin, Kang. Le Junjin est un petit chalutier de pêche qui peine à faire vivre son équipage, si bien que le navire, non entretenu, semble condamné à quitter la mer dans un futur proche. Mais Kang saisit une opportunité capable de renflouer les caisses : transporter vers la Corée des immigrés chinois. Totalement inexpérimenté dans cette sombre tâche, Kang se voit dépassé entre les pulsions sexuelles de ses hommes face aux deux femmes à bord et un événement terrible et inattendu.

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Avec son contexte social développé, Sea Fog : les clandestins laisse augurer une œuvre forte comme le cinéma coréen apporte régulièrement, avec sa touche de lyrisme. Pourtant, par sa photographie décevante – la lumière du jour y est souvent brute – et sa plombante musique emphatique et mièvre, le long métrage tourne rapidement au mélodrame de seconde classe. La passion instantanée que porte le jeune matelot Dong-Sik (Park Yu-chun) pour Hong-mae (Han Ye-ri) ne dépasse guère la tendre anecdote alors que toutes les intentions du film se laissent deviner. A bord, les femmes sont des proies tandis que la gestion des clandestins s’avèrent délicate malgré les bonnes intentions des marins. Lorsque le film s’apprête à sombrer définitivement sous sa narration aussi convenue que ses seconds rôles à la psychologie des plus limitées, Sea Fog : les clandestins expose sa meilleure partie dans un nœud dramatique qui relance alors toute l’entreprise. Dans un épais brouillard marin, l’horreur et la fatalité frappent le navire, renversant alors les enjeux. Hélas, la partie suivante s’engouffre dans une logique propre au thriller, touchée par les pires travers que peut prendre ce genre dans le cinéma coréen – l’alliance de l’hystérie à l’ultra-violence. Kim Yun-seok y brille par sa folie et son désespoir mais le segment semble invraisemblable. Autour d’un cruel coup du destin la symbiose entre deux genres n’a pas lieu et laisse place à un balourd enchevêtrement. Dans les mains d’un réalisateur plus chevronné, ou du moins, plus inspiré en matière de mise en scène que Shim Sung-bo, peut-être que Sea Fog : les clandestins serait parvenu à ses fins. Une déception.

2 étoiles

 

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Sea Fog : les clandestins

Film sud-coréen
Réalisateur : Shim Sung-bo
Avec : Kim Yun-seok, Park Yu-chun, Han Ye-ri
Titre original : Haemoo
Scénario de :
Durée : 111 min
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie en France : 1er avril 2015
Distributeur : The Jokers / Le Pacte

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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