Les Arcs 2014 : #04 Concentré de films

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Mardi 16 décembre 2014, le festival de cinéma européen des Arcs se poursuit avec un petit déjeuner en haute altitude et la découverte de trois films de la compétition : Marshland, Fidelio, l’odyssée d’Alice et The Duke of Burgundy. Photo ci-dessus : le cinéma 1800

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Malgré trois heures de sommeil, direction l’Aiguille rouge dès 8h30 pour un petit-déjeuner en haute altitude, à 3226 mètres précisément. Si les nuages nous empêchent de profiter de la vue une fois au sommet, le plateau intermédiaire de notre ascension nous offre un cadre absolument sublime (photos ci-dessus). Brioches, chartreuse (versée sur des carrés de sucre) et boissons chaudes sont offerts aux vaillants festivaliers ayant répondu à l’appel des cimes.

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15h30, première projection de Marshland d’Alberto Rodriguez au Taillefer. Dans les cendres de l’Espagne franquiste, deux enquêteurs de Madrid sont envoyés dans le Sud afin d’enquêter sur la disparition de deux adolescentes. Si la piste d’une fugue est d’abord envisagée, la découverte de leurs corps mutilés conduit les deux policiers aux tempéraments et méthodes opposés sur la piste d’un tueur en série. Doté d’une belle photographie – la scène d’ouverture du film, en plans aériens, est l’une des plus fascinantes de la compétition –, ce thriller intéressant par son contexte politique ne parvient que rarement à créer une tension, la faute à une enquête partagée entre l’omerta des habitants et des indices livrés sur un plateau d’argent quand la progression est nécessaire. Malgré son caractère engourdi, Marshland parvient à s’imposer comme un polar relativement réussi, notamment grâce à un dernier acte qui parachève le portrait de ses deux protagonistes. A noter que pour son exploitation en France, au cinéma à partir du 15 juillet 2015, le film utilise le titre La Isla Minima.

Bande annonce :

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Une des nouveautés de cette 6ème édition des Arcs se trouve dans l’utilisation d’un cinéma non loin du Taillefer, dans la galerie commerçante du Charvet. C’est ici que je découvre Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau, mon premier coup de cœur de la compétition. Alice (Arianne Labed) est une mécanicienne travaillant sur des navires de marchandise. Son compagnon, Felix (Anders Danielsen Lie, découvert dans 31 août à Oslo), est dessinateur de bandes dessinées. Ils vivent un amour où la sexualité tient une place primordiale – et d’ailleurs, le film parlera et montrera le sexe sans tabou. Lorsqu’Alice part en mission pour un mois, elle ne se doute pas qu’elle retrouverait le premier navire sur lequel elle a travaillé ainsi que son premier grand amour, Gaël (Melvil Poupaud), le capitaine. La force du film réside dans son écriture et son récit, qui permettent au spectateur de découvrir le quotidien d’un équipage d’un navire marchand tout en gardant pour cap l’exploration des histoires sentimentales, au travers du sexe mais aussi d’anecdotes relatées par les marins. Il faudra peu de temps à Alice pour coucher à nouveau avec Gaël, vivant au gré de ses envies dans un monde où les femmes se montrent rares et facilement attaquées par la gente masculine. Personnage fort et superbe, Alice explore l’infidélité et ses conséquences dans un cadre qui dresse le portrait de la singulière vie de marin, où chaque homme semble affecté par une solitude sentimentale qu’il tente de combler vainement dans les ports en couchant avec des étrangères. Pas de stéréotypes non plus avec des personnages qui apportent nuances et points de repères pour l’héroïne. Gagnant en densité au fil de son aventure naviguant sur les genres avec aisance – on y rit aussi souvent qu’on est touché -, Fidelio, l’odyssée d’Alice est un premier long métrage séduisant où brille Arianne Labed. A découvrir en salle à partir du 24 décembre 2014. Bande annonce :

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Après avoir dégusté un gratin de crozets, retour en salle pour The Duke of Burgundy, le second long métrage du britannique Peter Strickland (Berberian Sound Studio). L’une des actrices principales du film, Chiara D’Anna, est parmi nous pour nous présenter ce film qu’elle définit comme un conte tordu touchant parfois au porno soft. Tourné en Hongrie, ce long métrage explore la troublante relation amoureuse entre deux femmes, Cynthia (Chiara D’Anna) et Evelyn (Sidse Babett Knudsen). Aux premiers abords, Cynthia nous apparaît comme une servante soumise par Evelyn, humiliée dans les tâches ménagères qu’elle effectue chaque jour. Mais il ne s’agit que d’un jeu de domination à l’initiative de Cynthia, donnant à sa compagne un scénario précis à suivre et répéter chaque jour. Si Cynthia trouve de la jouissance dans cet exercice parfois sado-masochiste, il semblerait qu’Evelyn en souffre, ou du moins, ne parvienne pas à s’épanouir ainsi. C’est dans l’entomologie qu’elle parvient à trouver de l’oxygène, une passion que tente de suivre Cynthia malgré ses connaissances limitées. Dotée d’une esthétique léchée et d’un travail poussé sur le son, The Duke of Burgundy joue sur la répétition de motifs tout en élargissant la brèche sentimentale de son couple formé par des actrices remarquables. Toujours maniéré, le cinéma de Strickland travaille encore une forme héritant du giallo, et possédant la même capacité à s’affranchir du réel pour donner vie à un monde onirique, cauchemardesque. The Duke of Burgundy constitue une belle curiosité de la compétition.

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En fin de séance, Chiara D’Anna regagne la salle pour répondre aux questions du public. Le titre du film est démystifié quand elle nous explique qu’il vient d’un nom d’un papillon qui était, dans les premières versions du scénario, un élément moins obsessionnel qu’il ne l’est au final. Au sujet de la construction de son personnage, Cynthia possède certains traits que Strickland avait remarqué chez elle lors de leur première collaboration, pour Berberian Sound Studio. Chiara est également interrogée sur l’histoire d’amour du film mais je ne vous donnerai pas sa réponse pour vous préserver le plaisir de découvrir le film prochainement (la date de sortie française est encore inconnue).

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Au village 1950, les festivaliers sont nombreux à profiter d’un apéro dinatoire O’Chaud. Avec Cyrille, nous retrouvons Chiara d’Anna avec laquelle nous discutons cinéma pendant presque une heure et demie. Robbe-Grillet, Bunuel, Almodovar, Tarkovski, Bergman, Carax et Fellini occupent une grande place dans notre conversation lorsque nous ne l’interrogeons pas sur le tournage de The Duke of Burgundy. Une actrice talentueuse, passionnante et adorable que nous retrouverons le lendemain matin pour une interview avant un nouveau trio de films et la seconde soirée Vodkaster.

Article rédigé par Dom

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