Comment réussir son Festival de Cannes

Réussir son Festival de Cannes demande un minimum de préparation en amont du coup d’envoi mais aussi de connaître les conditions d’accès aux films et soirées. Voici un guide destiné aux nouveaux festivaliers, fruit de mon expérience passée et qui, je l’espère, permettra d’assurer les premiers pas sur la croisette de certains d’entre vous.

Mise à jour mai 2022 : depuis l’édition 2021, les tickets ont disparu au profit d’un système de réservation des places en ligne pour l’ensemble des sélections. Ces places peuvent toutefois être échangées par leurs propriétaires. L’arrivée du multiplex Cineum à La Bocca permet au festival de proposer 3 nouvelles salles au cours du festival. A noter que la salle du Soixantième est renommée salle Agnès Varda pour la 75ème édition.

Mise à jour mai 2017 : pour la 70e édition, impossible d’accéder à une séance au Grand Théâtre Lumière avec une invitation orange si vous ne possédez pas de badge. L’accompagnant avec badge n’est plus accepté, il est donc nécessaire de se présenter avec une invitation bleue pour les personnes sans accréditation.

Avant propos, aux braves qui partent à l’assaut du festival sans badge. Voir des films sans badge n’est pas mission impossible, et bien que l’absence d’un badge vous empêche de circuler librement dans le palais – sauf si vous obtenez un pass journalier ou possédez une invitation pour voir un film dans une des salles du palais -, vous pourrez découvrir des films de la sélection officielle en glanant des invitations aux abords du Grand Théâtre Lumière. Mon conseil : faire une jolie affichette de recherche de place – sans aucune précision pour le film – en français et en anglais et vous armer d’un grand sourire, car nombreuses sont les personnes, en possession d’un badge ou non, à chercher ces précieux sésames. Gardez en tête qu’à moins d’obtenir une invitation de couleur bleue, vous ne pourrez rentrer avec une invitation orange dans le GTL que si vous êtes accompagné d’une personne avec un badge autour du cou (hors badge cinéphile). Aucun soucis sur ce point puisque la grande majorité des festivaliers dans les files accepteront de déclarer aux contrôles de sécurité que vous êtes ensembles. S’il sera particulièrement difficile de voir les films sélectionnés à Un Certain Regard, il est possible d’acheter des billets pour les films projetés dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs et de la Semaine de la critique. Pour la Quinzaine, la possession d’une place vous ouvre l’accès via une file prioritaire mais pas à la Semaine de la Critique – merci Stefan pour la correction !

croisette

La croisette au quotidien

L’un des grands avantages du Festival de Cannes est de permettre aux festivaliers d’aller d’une salle à l’autre dans un laps de temps très court : les salles projetant les films des quatre sélections sont dans un alignement qui permet de toutes les relier en une vingtaine de minutes à pied – en fonction de votre vitesse de marche et des embouteillages piétons que suscitent les montées des marches ! En remontant la croisette à partir du Miramar, où se déroule la Semaine de la Critique, on trouve à cinq minutes de marche le J.W. Marriott où se tient la Quinzaine des réalisateurs. Côté plage, les installations éphémères avec notamment la plage Magnum, Nikki Beach, Chivas House, … La salle du Soixantième, le Grand Théâtre Lumière, le palais, centre névralgique du festival, et la salle Debussy se trouvent à une petite quinzaine de minutes de marche du J.W. Marriott. La salle du Soixantième est dédiée à certaines séances spéciales et aux séances du lendemain. Abritée sous un chapiteau, cette salle reste à éviter les jours de pluie pour ne pas perturber l’expérience sonore du film ! Le Grand Théâtre Lumière est l’antre de la Sélection officielle, où sont projetés tous les films en compétition et hors compétition, ainsi que les séances de minuit. C’est ici qu’ont lieu les fameuses montées des marches au nombre de deux (voire parfois trois) chaque jour. Avec environ 2400 sièges, il s’agit de la salle la plus vaste du festival et qui offre un confort de visionnage des plus appréciables, quelle que soit sa place – en trois ans, j’ai eu l’occasion d’aller du deuxième rang en orchestre jusqu’au dernier rang du balcon, en passant par les ailes. Votre position dans cette salle dépend bien entendu des places disponibles mais surtout du niveau de votre badge ou, prioritairement, des zones et rangs indiqués sur l’invitation.
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Le palais, qui relie le Grand Théâtre Lumière à la salle Debussy – passages autorisés seulement pour les sorties de projection –, abrite le marché du film, les espaces distributeurs et syndicats, le short film corner, les espaces presse ainsi que les salles Buñuel et Bazin (280 sièges). Si je n’ai jamais pu accéder à cette dernière, la salle Buñuel surtout consacrée aux projections Cannes Classics se montre problématique pour les festivaliers se retrouvant sur l’extérieur des ailes : les sièges, bien trop décalés par rapport à l’écran, ne permettent pas une visibilité correcte de l’écran hélas. Des conditions désagréables qui peuvent parfois être gommées par la puissance du film, c’est à l’une de ces places maudites que j’ai découvert le fascinant Le Conformiste de Bertolucci en 2011.
La salle Debussy abrite Un Certain Regard ainsi que certaines projections réservées à certaines catégories de badge, comme la presse ou les exploitants. Véritable petite sœur du Grand Théâtre Lumière, avec environ 1000 sièges, cette salle présente aussi un défaut pour les derniers festivaliers à l’investir : les derniers sièges du balcon, sur l’extérieur des ailes, empêchent de profiter de toute la surface de l’écran à cause de des murs et enceintes encadrant la toile. Cela ne masque pas plus de 10% de l’image pour les plus mauvais lotis, mais cela est bien suffisant pour ne pas apprécier pleinement un film. Je me suis retrouvé dans cette situation l’an passé pour A Touch of Sin de Jia Zhangke. Autre frustration dans ce cas de figure : vous verrez forcément des festivaliers en orchestre, dans l’axe de l’écran, roupiller paisiblement au lieu de regarder le film !
D’autres salles, plus éloignées du cœur de la croisette, reprennent également des films de plusieurs sélections. Il s’agit du théâtre Alexandre III, du Studio 13, de la Licorne, du Raimu et enfin du cinéma Les Arcades où est projetée la sélection de l’ACID. A côté du Village International Riviera est aussi installée sur la plage une toile pour les projections du Cinéma de la plage, en accès libre.

Un festival de cinéma est fatigant pour le corps, surtout lorsqu’on allie le plaisir des films à celui des fêtes qui peuvent vous conduire au bout de la nuit. Si vous avez un badge presse, vous aurez toujours à disposition des cafés à l’espace presse mais pour tout festivalier accédant au palais, un vaste stand Nespresso vous accueillera au premier étage pour vous recharger en caféine. Ces boissons sont gratuites. A propos des boissons et de la nourriture, il est inutile de vous promener avec sandwichs et bouteilles dans votre sac puisque ces derniers seront confisqués à l’entrée du Grand Théâtre Lumière ainsi qu’à celle de la salle Debussy. Les autres salles sont plus laxistes à ce sujet. Hormis les nombreux restaurants, des stands de restauration rapide se trouvent aux abords de la salle du Soixantième et de l’autre côté de la salle Debussy, au niveau du Village international – Pantiero, mais attendez vous à des files d’attente parfois longues aux heures des repas. Des files d’attente que l’on peut aussi retrouver aux supermarchés du centre-ville : évitez d’avoir à vous y rendre souvent pour minimiser cette perte de temps !
Vaste et parcouru par des milliers de festivaliers en tout genre – sans parler des touristes –, le Festival de Cannes peut être naturellement déstabilisant lorsque l’on l’arpente pour la première fois. Aucune inquiétude à avoir puisque des plans et programmes détaillés vous seront fournis et les équipes du festival se montrent aussi aimables que disponibles.

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Les films

Un festivalier très motivé pourra voir aisément quatre à cinq films par jour – personnellement, à la façon des repas, j’aime me limiter à trois films, surtout lorsque leur durée avoisine ou dépasse les deux heures. Savoir évaluer ses probabilités de voir un film en fonction du niveau de priorité de son badge et de la popularité du film est un point crucial. Pour la grande majorité des films, il est nécessaire d’arriver dans sa file au moins une heure avant la projection, à moins d’avoir un badge au niveau de priorité très élevé, un pass coupe-file – que l’on voit surtout pour la Quinzaine des réalisateurs –, ou une invitation au Grand Théâtre Lumière. Attention à ne pas arriver trop tard à ce dernier car il y a bien souvent plus d’invitations en circulation pour une séance que de sièges disponibles, un point qui toutefois n’empêche pas la file de dernière minute de laisser quelques chanceux entrer dans la salle. En dehors de la Sélection officielle, certains films moins attendus peuvent être vus en arrivant une poignée de minutes avant le début de la projection. En 2012, recalé pour Mekong Hotel d’Apichatpong Weerasethakul en salle du Soixantième, j’ai pu me rendre directement à la projection des Bêtes du Sud Sauvage en salle Debussy, qui devait débuter seulement quelques minutes plus tard. Même type d’expérience en sortant d’une projection du Grand Théâtre Lumière en 2011 pour me rendre à une séance à la Quinzaine des réalisateurs qui débutait seulement 10 minutes après. La majorité des films sont diffusés trois à cinq fois, sur différents jours et sites. Il est parfois préférable de faire l’impasse sur la première projection d’un film que l’on attend impatiemment et qui suscite la même impatience chez les autres festivaliers pour aller découvrir une autre œuvre. L’année dernière, je n’ai pas eu à regretter de ne pas me rendre à la première projection d’Inside Llewyn Davis, ayant le plus faible grade du badge presse (jaune). Des collègues et camarades ont patienté en vain pour cette séance alors qu’il était bien moins délicat de découvrir le film le lendemain matin au Grand Théâtre Lumière. Partez du principe qu’il y a toujours des personnes avec un meilleur badge que le votre mais ne considérez pas cela comme un handicap mais une sorte de challenge. Il y a probablement certains films que vous manquerez malgré tous vos efforts, aussi. Pour ma part, en 2012, j’ai manqué trois séances du film de Hillcoat, Des hommes sans loi tandis qu’en 2011, j’ai réussi à assister à la projection de l’après-midi au Grand Théâtre Lumière de The Tree of Life malgré un badge cinéphile. Tout est question de flair, de ruse et d’une pointe de chance.

Mise à jour mai 2015 :
Abordé notamment dans mon parcours de festivalier en 2012, les badges avec points pour retirer des places n’étaient plus présents à Cannes 2015. Désormais, c’est un système de « souhaits » qui est en place : toujours sur une interface web, les festivaliers établissent des souhaits de séances auxquelles ils aimeraient assister (allant des séances de 8h30 aux montées des marches). Les invitations leurs sont ensuite délivrées en fonction des places disponibles et de la puissance de leur badge. Un nouveau système plutôt frustrant pour établir un emploi du temps fiable !

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Les soirées et les célébrités

Il n’est pas donné à tout le monde de finir sa nuit chez Albane ou dans une luxueuse villa à l’abri des lumières de la croisette. Pas de quoi se morfondre puisque les soirées les plus privées ne sont pas forcément les plus amusantes – bon, certes, parfois, c’est pas mal de se retrouver avec Clive Owen, Jessica Chastain ou Ryan Gosling. Chaque soir, les plages, les boites, bars, bateaux ainsi que certains lieux insolites ont leur lots d’animation, de concerts, cocktails et DJ sets. L’accès se fait sur badge du festival, carte de membre ou sur invitation, en fonction des lieux et de la soirée. Si votre parcours de festivalier ou vos contacts vous ont amené à obtenir la carte pour accéder à la plage Y (simple exemple, il n’y a normalement aucune plage Y), vous ne pourrez pas y accéder le soir où cette plage accueillera la soirée d’un film. Il est bon de se tenir informé, notamment sur les réseaux sociaux et avec la presse quotidienne (comme Grazia), des différents événements nocturnes. D’ailleurs, c’est parfois grâce à des réseaux sociaux comme Twitter que vous pourrez obtenir des invitations. Sur place, il est bon de discuter avec tout le monde, que ce soit dans les files ou bien dans l’attente du lancement d’une projection : une opportunité peut se présenter dans une simple conversation – ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises, pourtant sans discuter dans l’optique d’obtenir quelque chose. En dehors de ces soirées, il y a aussi des lieux où il est bon se rendre en soirée, comme le Petit Majestic (6 rue Tony Allard), bar sympathique où, à l’anglaise, la plupart des festivaliers boivent leur bière debout, dans la rue. Ambiance conviviale garantie à des tarifs très corrects.

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Quant à la chasse aux stars, si ces dernières se rendent bien dans certains restaurants chics et assistent à certaines soirées, il est aussi possible de les approcher sur la croisette. Chaque année, j’entends des vétérans du festival ronchonner que Cannes, ce n’est plus comme avant, que les célébrités se cachent ou ne sortent qu’en voiture. Cannes change, chaque année, c’est certain, mais avec mes trois précédents festivals, j’ai pu constater de mes propres yeux que certains acteurs et réalisateurs n’hésitent pas à se fondre dans la foule, à pied, simplement protégé par leurs lunettes de soleil. Car s’il est évident que les stars ne se déplacent pas à pied jusqu’au tapis rouge pour les séances de gala, certaines n’hésitent pas à se promener comme monsieur tout le monde sur la croisette, parfaitement incognito alors que badauds et stalkers s’agglutinent à l’entrée des hôtels prestigieux. Pour ma part, j’ai croisé sur ma route des personnalités comme Léa Seydoux, Christoph Waltz, Ryan Gosling, Tara Reid, Céline Salette ou encore Emir Kusturica. Il suffit d’être au bon endroit au bon moment et, bien sûr, d’avoir l’œil !

Vous voilà normalement prêt pour réussir votre (premier) Festival de Cannes, ou du moins, dans des conditions optimales pour en profiter au maximum.Vous pourrez probablement trouver d’autres conseils dans mes précédentes couvertures du Festival de Cannes, et ce, réalisées avec trois badges différents :
Cannes 2011 : badge cinéphile
Cannes 2012 : badge Short Film Corner Partie 1 & Partie 2
Cannes 2013, badge presse jaune
Cannes 2014, presse jaune
Cannes 2015, presse jaune
Cannes 2016, presse jaune

A lire aussi, le guide du festival sur le site officiel.

Merci encore à Marine de 2MuchPoney et Sandra d’InTheMoodForCannes (entre autres) pour m’avoir conseillé et aidé lors de mes premiers pas à Cannes en 2011, ainsi qu’à Aurelia et Maylis pour leur soutien sur d’autres éditions !

Article rédigé par Dom

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