[Critique] Restless (Gus Van Sant)

Gus Vant Sant porte à nouveau son regard sur l’adolescence avec Restless ; le matériau n’est pas signé de sa plume mais de celle d’un illustre inconnu, Jason Lew. Une collaboration qui s’avère peu convaincante malgré un réel potentiel sur le papier.

Unis par la mort

Enoch (Henry Hopper) est un jeune homme solitaire et ténébreux. Il a perdu ses parents dans un accident de voiture qui l’a plongé dans le coma durant trois mois. Depuis, un fantôme lui tient compagnie, Hiroshi (Ryo Kase), un kamikaze de la seconde guerre mondiale. Ensemble, ils s’affrontent à la bataille navale et bien évidemment, le japonais touche à tous les coups. Mais ce qui marque le plus chez Enoch n’est pas cette connexion avec un être de l’au-delà, mais son hobby mortuaire : squatter les funérailles d’inconnus. C’est ainsi qu’il rencontre Annabel (Mia Wasikowska), lors des funérailles d’un enfant emporté par un cancer. Une tendre complicité va naitre entre les deux adolescents, unis par leur fascination pour la mort.

Dans ses grandes lignes, le premier scénario de Jason Lew est tout à fait séduisant. En suivant ce couple d’adolescents funèbres, on pense à l’univers lugubre de Tim Burton, aux personnages socialement détraqués et en manque affectif de Chuck Palahniuk, mais Gus Van Sant reste à l’orée de ce monde dont il ne trouvera jamais l’entrée, spectateur du scénario qu’il doit mettre en scène. Il en résulte un film terriblement froid, une sensation appuyée par la photographie terne et ses interprètes mornes et hâves. Henry Hopper, qui porte les traits adoucis de son regretté père Dennis Hopper, découle de l’archétype de l’adolescent vampirique d’un Twilight, colérique comme un gamin, et donne la réplique à une Mia Wasikowska blafarde, indiscernable et dont la garde-robe confine au défilé de mode. Les deux morts-vivants iront jusqu’à tracer les contours de leur corps à la craie, sur le bitume, victimes et artistes de leur propre détachement avec la vie.

La première partie du film subit le coup de compositions monotones de Danny Elfman, pourtant un collaborateur de longue date de Gus Van Sant – et de Tim Burton –, et qui tendront à se mettre en retrait derrière les morceaux sélectionnés par le cinéaste. Mais le plus terrible dans cette amourette, non déplaisante à suivre, est la perte de contact émotionnel qu’elle occasionne : le décès ne suscite aucun déchirement et s’accepte comme un simple au revoir. C’est seulement dans ses sursauts d’humour macabre et un peu saugrenu que Restless parvient à toucher. Les noces funèbres selon Gus Van Sant laissent un amer goût de déception.

2 étoiles

 

Restless

Film américain
Réalisateur : Gus Van Sant
Avec : Henry Hopper, Mia Wasikowska, Ryo Kase
Scénario de : Jason Lew
Durée : 91 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 21 septembre 2011
Distributeur : Sony Pictures France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. J’ai vu hier la bande annonce et j’étais tout content de voir que le nouveau film de Gus Van Sant allé bientôt sortir .
    mais bon cette première critique n’est pas encouragente … J’avais étais de ton avis pour Mélancholia on verra pour ce Restlesse

  2. Une sacré déception, et dire qu’à Cannes, j’ai flingué une matinée pour tenter de le voir en vain… Y a quelques bons éléments dans ce film mais, rien qui ne donnerait envie d’y consacrer un nouveau visionnage.

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