Critique : Scream (Wes Craven)

Scream (1996), un film de Wes Craven
Scénario de Kevin Williamson
Avec Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Matthew Lillard, Rose McGowan, Drew Barrymore
Genre : Horreur, Crime, Mystère

 

 

 

 

 

 

Un téléphone sonne, une jeune femme à la chevelure blonde (Drew Barrymore) s’empare du combiné : c’est un homme qui semble faire erreur. Il appelle de nouveau, pour s’excuser. Alors que la demoiselle prépare du pop-corn, le mystérieux inconnu rappelle encore une fois, pour la questionner sur sa soirée, ses films d’horreur préférés. Soudain, la conversation change de ton, l’homme au bout du fil devient menaçant. Le jeu morbide commence. L’immense demeure isolée devient inquiétante ; chaque porte, chaque fenêtre est une brèche pour le pernicieux individu qui exécutera ses menaces : la fille et son petit ami sont sauvagement mutilés au couteau.

L’essence même de Scream est exposé dans son segment introductif, pierre angulaire du neo slasher movie (en anglais, to slash signifie « lacérer ») : de jeunes gens sont la proie d’un tueur masqué qui les appelle avant de les assassiner à l’arme blanche. Le mythe, lui, repose sur l’imagerie du tueur, un individu vêtu d’une cape noire et d’un masque de fantôme, qui lui donnera le surnom de « ghostface », évoquant le fameux tableau du norvégien Edward Munch, « The Scream ».

Ghostface et son modèle norvégien

L’héroïne de cette saga est Sidney Prescott (Neve Campbell), une jeune fille introvertie, encore affectée par le meurtre de sa mère, survenu un an plus tôt. Et cette charmante demoiselle est vierge. Pourquoi le préciser ? Tout simplement parce que ce slasher suit des règles strictes. Les victimes potentielles sont des consommateurs d’alcool ou de drogue, tout individu quittant une pièce en affirmant qu’il revient tout de suite (« I’ll be right back ! »), et enfin, ceux qui se sont déjà adonnés aux plaisirs de la chair. En somme, un bon puritain ne craint rien. Seulement, lorsque Sidney est amenée à être déflorée, elle perd son immunité – et ce n’est pas un flambeau à la Koh-Lanta, que l’on peut récupérer la semaine suivante !

Deux autres figures vont être retrouvées tout au long de la série : la journaliste Gale Weathers (Courteney Cox), qui a publié un livre sur l’assassinat de la mère de Sidney dans lequel elle disculpe le suspect numéro un. La relation entre les deux femmes est donc loin d’être cordiale. Et enfin, l’officier Dwight Riley (David Arquette), surnommé Dewey, un flic un brin débile sur les bords, maladroit et sensible aux formes de Gale qui en profite pour le manipuler. Toutefois, une tension sexuelle est palpable entre les deux personnages.

De part sa mise en scène peu recherchée et ses personnages sans reliefs, l’intérêt de Scream est limité d’un point de vue purement artistique. Les dialogues tournent essentiellement autour des films d’horreurs, les étudiants dépeints étant férus du genre ; mais les références sont si nombreuses qu’elles deviennent lassantes. Hormis l’éventuel plaisir de voir de jeunes trous du cul et midinettes terminer leur jour en charcuterie – et la palme de la mort la plus cruelle revient à Rose McGowan dans cet épisode –, l’intérêt pour le spectateur réside dans l’enquête. Découvrir l’identité du meurtrier, et si possible avant la fin du film. Ce mystère sur l’identité de l’assassin deviendra par ailleurs la marque de fabrique des slashers héritiers de Scream.
Pour entretenir le doute et conduire le spectateur sur de fausses routes, les indices sont si faibles qu’ils permettent de suspecter chaque personnage encore en vie. Dans ce premier volet, deux certitudes : l’assassin porte des chaussures noires et, d’après la voix déformée au téléphone, il ne peut qu’appartenir à la gente masculine.

A la fin du film, où le sadisme atteint son apogée, l’impact de la découverte du tueur et de son mobile est renforcé par une question lancée brutalement et qui sera reconduite dans les épisodes suivants : la violence des films gores est-elle responsable de la violence dans le monde réel ? Le massacre au cinéma exerce-t-il une influence suffisamment forte pour qu’il soit reproduit dans la réalité ? Wes Craven, parrain du slasher, semble s’interroger sur le pouvoir de ses films. Prise de conscience ou démagogie opportuniste ?

En 2002, un jeune illuminé de 17 ans poignarda sa voisine et avoua aux enquêteurs, qui retrouvèrent chez lui le fameux masque, être fasciné par le film de Wes Craven. Un triste élément de réponse aux interrogations du cinéaste…

3 étoiles

La suite avec la critique de Scream 2

Article rédigé par Dom

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8 commentaires

  1. tiens, je viens de me refaire les 3 premiers scream en attendant le prochain… je les trouve toujours aussi chouette qu’à l’époque où je les ai découvert en salle… tu es un peu moins convaincu… 🙁
    je me rappelle des debats que les films avaient suscité sur la violence… il y a d’ailleurs eu plusieurs « incidents » liés à « scream »… perso, je trouve juste l’accusation absurde et stérile… je pense plus volontiers le contraire en général : non que les gens s’inspirent des films pour faire le mal, mais que les films s’inspirent du monde tel qu’il est, dans toute son horreur…
    m’enfin bref ! sinon, j’ai lu ici et là que le rapprochement avec le tableau de munch était finalement pas du tout volontaire de la part de wes craven…

  2. J’ai revu les trois films aussi, mais je dilue les critiques, une chaque mercredi, jour des enfants 😀
    Je gardais un meilleur souvenir du premier avant de le revoir…

    Concernant la violence, il est certain qu’elle a d’abord été un reflet de la société, et ces dernières années, les accusations se sont reportées progressivement sur les jeux vidéo. Pourtant, je suppose que certains esprits dérangés et influençables ruminer la violence « virtuelle » à laquelle ils ont accès. On ne peut certainement pas accuser le cinéma (ou les jeux vidéo) d’être l’unique responsable, mais l’imagerie violente doit avoir un impact particulier chez certains individus.

    Pour le tableau, c’est peut-être involontaire de la part de Wes Craven, mais les créateurs du masque s’en sont certainement inspirés (ou ont été influencés). The Scream, c’est un tableau qui est dans l’inconscient collectif.
    Il parait que des producteurs ne voulaient pas de ce masque là et que des tests screenings les ont convaincu de le conserver.

  3. Sympathique opus cravenien, entre slasher et parodie, avec le plaisir de revoir Fonzie, le Kéké de Happy Days !

  4. Je pense que les films d’horreur ne fabrique pas de psychopathes elle ne fait que mettre en pratique leur potentiel …

    Le personnage de Wes Craven, Billy Loomis en fait même son commentaire:

    « Se ne sont pas les films d’horreur qui nous on rendu dingue, ils n’ont fait que nous rendre plus créatif! »

    Wes Craven culpabilise peut-être d’avoir renverser le piéton qui n’a pas regardé en traversant.

  5. Mince je savais pas que mon nom apparaîtrai … Pour l’anonymat je crois que GhostFace est plus doué que moi … Mdr

  6. SCREAM 4 … J’ai peur qu’il n’est pas l’originalité du 1er…

    Le Slacher qui a commenté le Slacher pour le tuer et le faire
    renaître, un tour de force de Wes Craven et Kevin Williamson en 96
    (sans oublier Marco Beltrami méconnu à l’époque) …

    Quant au 4 ème volet je m’attend à un bon tour de looping dans un train fantômes avec le turbo du blockbuster et j’ai hâte de retrouver le charisme vocal de Roger Jackson mais rien de plus car toute l’originalité de SCREAM reposait sur son commentaire autosatyrique dont nous avons fais le tour depuis.

  7. @Tietie007, oui Fonzie en proviseur, surprenant 😉

    @Loïc, si tu veux, je peux modifier ton nom.
    Oui, les films n’engendrent pas les problèmes psychiques (en toute logique.)
    Quant à Scream 4, eh bien, je pense qu’il faut lui laisser sa chance : le film va s’installer dans un nouveau contexte, où les nouvelles technologies prolifèrent. Réponse dans quelques semaines !

  8. J’ai aussi revu les 3 premiers films et je trouve que le premier de la série est vraiment une réussite!
    Ma critique :
    http://tedsifflera3fois.com/2011/09/07/scream-critique/

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