Critique : Le Discours d’un Roi (Tom Hooper)

Le Discours d’un Roi

Film britannique, australien, américain
Réalisateur : Tom Hooper
Avec : Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Guy Pearce, Derek Jacobi
Titre original : The King’s Speech
Scénario de : David Seidler
Directeur de la photographie : Danny Cohen
Monteur : Tarig Anwar
Durée : 118 mn
Genre : Drame, Biopic
Date de sortie en France : 2 février 2011

 

 

 

 

La trame :

Depuis son enfance, le Duc d’York souffre de bégaiement, l’empêchant de s’exprimer en public. Un spécialiste atypique de l’élocution, trouvé par sa femme, garantit pouvoir corriger son problème.

 

Bande Annonce (VOST) :

 

Critique

A notre époque où les politiciens discourent à longueur de journée, que ce soit sur des plateaux télévisés ou à la radio, Le Discours d’un Roi vient nous rappeler que cette omniprésence (absurde) de nos dirigeants est un fait aussi récent que les médias les relayant. Retour à une ère de changements drastiques, quand le silence n’est plus d’or.

Les biopics de membres de la famille royale britannique sont légions, la télévision et le cinéma éprouvent une soif inextinguible pour dresser le portrait des élus au sang bleu d’outre-Manche. La force du Discours d’un Roi découle de l’originalité du scénario de David Seidler, qui s’approche de sa figure centrale, le futur roi George VI (Colin Firth) alors Duc d’York au début du métrage, sous l’angle d’un handicap discret mais lourd : le bégaiement.
Pour Bertie, le surnom affectif que lui donne sa femme Elizabeth (Helena Bonham Carter, très juste loin des rôles dérangés que lui confie son mari Tim Burton), lire un discours en public est un calvaire insurmontable. Les mots s’échappent de sa bouche en couple, à intervalles interminables. Les plus grands spécialistes de l’orthophonie se succèdent pour corriger ce vilain défaut d’élocution en vain. Bertie se résout à ne jamais être un éminent orateur pour rester dans l’ombre de sa famille royale et plus particulièrement de son frère ainé, destiné à être couronné à la mort de George V malgré son existence oisive et licencieuse. Sa femme, résolue à l’aider, va consulter en catimini un modeste spécialiste, le docteur Lionel Logue (Geoffrey Rush), immigré australien.

Reconstitution historique réussie sur le plan artistique, Le Discours d’un Roi brille lors des échanges entre ce Duc impétueux, interprété par un Colin Firth impérial, dont la qualité de jeu repose sur le regard, les crispations faciales et l’élocution, traité d’égal à égal par cet immigré désinvolte, un Geoffrey Rush à la répartie exceptionnelle. Pour guérir, il faut le désirer, profondément. Se débarrasser du bégaiement passe par des exercices variés, allant de la chanson aux exercices respiratoires, mais surtout par l’écoute, relevant de la psychologie pour mettre le doigt sur l’élément déclencheur de ce problème d’expression orale.
Tom Hooper et David Seidler jouent sur les contradictions, les classes sociales de ces deux hommes les opposent, et pourtant, à renfort de détermination et de persévérance, l’amitié finit par tisser ses liens. Une ambivalence ressentie sur le plan émotif : le malaise et l’inconfort de Bertie pour s’exprimer est palpable et s’oppose au rire libérateur apporté par l’omniprésence de l’humour anglais. Les joutes verbales, intelligentes et délicieuses, contrastent aussi avec les inattendues grossièretés martelées par une bouche royale dans un but thérapeutique.

Le bégaiement de George VI, roi atypique, couronné à contre cœur, devient un problème capital alors que Hitler, orateur véhément répandant l’ignoble idéologie nazie, a envahi la Pologne. Toute l’importance de l’élocution et de l’art du discours est mise en exergue à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale : la parole d’un souverain est capable de prodiguer une vigueur élémentaire au peuple.
Proche de l’académisme formel, le Discours d’un Roi est une fresque touchante par sa dimension humaine face à l’histoire, dont on retiendra surtout les performances d’acteur.

4 étoiles


Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Pas vu. Semble être un film honnête. Attention à l’académisme par contre.

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