Critique : Larmes de Clown (Victor Sjöström)

Larmes de Clown

Larmes de Clown

Film américain
Réalisateur : Victor Sjöström
Avec : Lon Chaney, Norma Shearer, John Gilbert, Marc McDermott
Titre original : He who gets slapped
Scénario de : Carey Wilson, Victor Sjöström (d’après une pièce de Leonid Andreyev)
Directeur de la photographie : Milton Moore
Monteur : Huhg Wynn
Durée : 80 mn
Genre : Drame
Année de production : 1924

 

 

 

 

 

 

La trame :

Un scientifique, Paul Beaumont, va voir ses découvertes volées par son mécène, le Baron Regnard, qui lui pique également sa femme. Paul change de vie pour devenir un clown dont le show consiste à se faire gifler par ses camarades.

Critique

Film vu dans le cadre de L’Etrange Festival qui se déroule en ce moment même à Paris (voir le site officiel), sélectionné par l’immense Alejandro Jodorowsky – je dois faire la chronique de La Montagne Sacrée lorsque je trouverais le temps – qui, auparavant, pendant une demi-heure, nous a décrypté des séquences du Magicien d’Oz de Victor Fleming avec une perspicacité proche du divin, Larmes de Clown est une œuvre poignante de l’ère du cinéma muet. Lon Chaney incarne Paul Beaumont, un être déchu, trahi et littéralement giflé par sa femme et son mécène, ce dernier lui faisant perdre toute crédibilité en s’appropriant ses découvertes ; face aux vieux croulants de l’Académie des Sciences, Paul reçoit une pléthore de rires moqueurs, l’humiliation est complète, le Baron lui ayant tout pris : son savoir, son amour, et son amour-propre. Les rires et railleries deviennent alors le pain quotidien de Paul, ou plutôt de « Lui », ayant aussi perdu son identité véritable en devenant ce clown qui reçoit des gifles pour tout ce qu’il affirme et meurt à chaque représentation. Quoi qu’il fasse, le public est hilare, quoi qu’il dise, personne ne le prend au sérieux. Le film de Victor Sjöström est habité par le désespoir et la déréliction de son protagoniste, égayé par quelques traits humoristiques ça et là. L’arrivée au cirque d’une nouvelle acrobate, Consuelo (Norma Shearer), une belle demoiselle qui n’est pas sans rappeler l’ancienne femme de « Lui qui reçoit les gifles », apporte une lueur d’espoir quant au devenir du célèbre clown. Leur rencontre est marquée par une symbolique peu équivoque : ce soir-là, « Lui » va demander à Consuelo de lui recoudre le cœur qui lui est arraché à chaque spectacle donné. Cependant, c’est avec un jeune et bel acrobate, Bezano (John Gilbert) qu’une idylle va naitre sous le regard bienveillant de « Lui ». Mais le mal rôde toujours, un soir, « Lui » découvre le Baron parmi les spectateurs, stupéfait et incapable d’agir, ne pouvant que recevoir les gifles des autres clowns de la troupe et crouler sous les rires du public. Le Baron Regnard, charmé par Consuelo, va consulter le père de la jeune fille pour s’emparer d’elle par son pouvoir et sa notoriété. « Lui », témoin incognito grâce à son maquillage et accoutrement va alors tout faire pour sauver le jeune couple. Larmes de Clown nous conduit alors vers un final aussi impressionnant que bouleversant, où vengeance et sacrifice semblent indissociables pour le triomphe de l’amour pur. « Dans la comédie douce-amère de la vie, on dit avec sagesse : rira bien qui rira le dernier. » ; ce carton qui ouvre le film, est on ne peut mieux choisi.

Conclusion

Une mise en scène soignée, un excellent scénario, un final mémorable et une interprétation prenante de Lon Chaney font de Larmes de Clown un drame exceptionnel et intemporel à (re)découvrir au plus vite.

Disponible en DVD sur amazon.fr

Note : 8,5/10

Article rédigé par Dom

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4 commentaires

  1. j’ai été très ému de voir ce film. Ce fut une véritable surprise de le découvrir. Il y a aussi un travail visuel incroyable pour l’époque, avec de ballon qui devient globe, cette ère de jeu dans le cirque qui devient le contour du globe. Un film sublime, qui m’a fait pensé aux feux de la rampe de Chaplin (sorti dans les années 50).
    Dis donc fais moi signe si tu traines à l’étrange festival, j’y squatte pas mal avec Niko de Filmosphère!

  2. Oui, bonne sélection de Jodorowsky (d’ailleurs, j’ai le DVD de L’Inconnu de Browning mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le regarder).
    Ca me ferait plaisir de vous rencontrer, mais je n’y retourne qu’une fois, demain soir pour Le Dernier Exorcisme. Vous y allez ?

  3. ah merde, on l’a déjà vu. Je vais peut-être voir « délivrez nous du mal », mais pas sûr.

  4. Dommage oui, je l’aurais bien vu celui-là aussi mais je serai au boulot … En tout cas, je prendrai mes disposition pour le prochain festival !

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